CHARLY dit "ZIGOUIOUI"

30 mai 2023

"Je ne fais jamais de régime : j'ai peur de m'aigrir "

 

"Il est illogique de consacrer plus de temps à gagner son pain qu'à le manger."

 

C'est vrai que ça ne fait pas longtemps que je crèche chez mes nouveaux patrons où je suis bien traitée soit dit en passant. Habituée des podiums depuis mon plus jeune age, la 1ère place a toujours été celle qui m'allait le mieux. Je serais ennuyée de devoir leur rappeler qui je suis. Qu'on m'appelle Lolotte passe encore, mais la pouilloute ! Ça me fait psychoter et tout le monde sait que ruminer donne faim. Mes vieux m'ont arbitrairement abonné aux balades "à pied" ça commence sérieusement à me courir sur le haricot. C'en est fini de ménager la chèvre et le choux, et quoi encore ! Je vis pour manger, accessoirement je "croquette" deux fois par jour juste pour être serviable. La première chose à faire avant tout effort à fournir dans une journée, c'est de remplir sa panse. Je ne sais pas ce qu'il en est chez vous autres, les deux pattes, mais confidence pour confidence en ce qui me concerne, une fois mon ventre bien arrondi, je suis rétive à tous mouvements autre que celui de baisser mes paupières sur mes jolis yeux...Voilà qui me pose problème, cette énième marche forcée m'aidera peut-être à le résoudre.

15

5a6a

7P1040198

1112

Vous constatez que malgré toute ma bonne volonté, je ne suis pas aidée. Les biquettes mangent en marchant, les canards en nageant, l'exception c'est moi ! Il me faut dégotter un coin confortable pour piqueniquer et qui plus est, obtenir l'aval de mes vieux. Rien ne peut contrer mon addiction, aussitôt dit aussitôt fait. Le souffle court, j'attends de savoir à quel sauce je vais être mangé. Mon précieux s'arrête, inspecte ma luxueuse version du piquenique, suivi de bibi, l'estomac dans les coussinets. Dans le même temps la patronne extirpe de son sac ma gamelle...à eau ! Coupant du même coup tout espoir que son "pendant" envisage une légère collation. Je me refuse à entrer dans le jeu de ma vieille, qui en représaille devant mon air buté, déverse sa flotte sur ma tronche pour dit-elle me rafraîchir les idées. Elle commence sérieusement à me bassiner !

1314a

16a17

2020a

2125

Un peu plus tard et donc plus loin, le ciel s'assombrit. Je viens à peine de me sécher, ce n'est pas pour me prendre une saucée maintenant. On s'arrête, le temps pour mes vieux de se couvrir plus chaudement. Installés bien à l'abri, mon précieux et moi admirons le paysage, aprés avoir fait un petit état des lieux. Cette fois c'est la bonne, il est temps de faire ripaille, j'ai comme l'impression que l'endroit leur convient, il y a à boire évidemment et le reste devrait suivre, l'un ne va pas sans l'autre ! Voilà maintenant qu'ils se liguent tous deux contre moi, ça discute, blablabla et hop ! On sort la carte et ça discute de plus belle...J'le sens pas, d'ici qu'ils m'annoncent que nous sommes perdus ou pire : qu'ils ont oublié not'tambouille, y'a pas loin ! J'aime autant vous prévenir, pas question de maigrir, ça ne fait que m'aigrir le caractère.

25a27

35BIS35

3431a

3130

Nous étions sur la bonne voie mais avec des envies divergentes ne concernant pas la boisson, à l'évidence !! De demi-heure en heure ponctuées d'arrêt sans aucun intérêt que celui de me faire perdre mon temps et m'affamer, nous avons remis le couvert pour un autre temps mort. Les nougats de mon précieux lui ont fait un appel du pied pour quelques soins. Cette pause inattendue m'a laissé de marbre, je suis à prête à parier que la halte gourmande va encore me passer sous le nez. Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, faut pas me prendre pour un jambon ! Ceci dit quand je l'ai vu déballer tout son sac a dos, mon coeur a fait une apnée, j'y ai cru l'espace d'une minute. Écoeuré d'avoir encore été dupée j'ai fait face à mon précieux, renonçant à tout ce qui comptait pour moi, j'ai attendu de partager avec mes bois sans soif, un schnaps. J'avais toutes les chances de finir le reste de cette balade dans les bras de l'un deux ! À défaut de manger, je me reposerais.

41a54BIS

4846

48BIS50

5153

5436

Marchant en dormant ou presque, je suis réveillée par une effluve passant furtivement sous ma truffe. Ça m'a fait l'effet d'une décharge électrique. De suite mon ciboulot en effervescence me confirme cette odeur de fumaison. Je fonce vérifier l'info et devant moi, mais derrière un grillage, de beaux sangliers se goinfrent en suisse. Frustrée, j'étais prête à rejoindre Charly pour qu'il me rende des comptes de cette vaste supercherie. Heureusement pour lui, la vieille s'exclame : encore un ptit effort Lolotte et on arrive à l'auberge préférée de Charly. En passant devant, j'ai vu, de mes yeux vu, que les bêtes ici bas étaient bien mal loties, on peut regarder, humer et pis c'est tout ! Je n'ai pas fait exception. C'est en surplomb de ce haut lieu gastronomique que nous avons fait notre dernière halte pour... un déjeuner sur l'herbe agrémenté de mes croquettes. La vieille est à la chasse aux papillons avec clic-clac kodak et mon précieux fait sa sieste. Moi, je me déshydrate à vue d'oeil devant ma gamelle privée d'eau, ruminant le dicton : "avant l'heure c'est pas l'heure, après l'heure, c'est trop tard !"

5658a

 "Je dois manger à la sueur de mon front, mais quand je sue je n'ai jamais faim, j'ai soif !"

 

 




27 avril 2023

"Se perdre dans ses pensées c'est errer en bonne compagnie."

 

 "Penser, c'est chercher des clairières dans une forêt"

 

12

Je viens en dilettante, vous donner des nouvelles de ma santé. J'ai tardé, suite au coup de vieux que j'ai pris depuis mon installation en résidence senior. J'ai tendance à faire les choses au ralenti, enfin presque toutes... Quand il s'agit de survie, je prends l'initiative et devient clairvoyante. Je passe mon temps à battre la mesure et ne manque jamais de rappeler à qui de droit, qu'il est l'heure de cuisiner, de me nourrir, me toiletter, me sortir pour l'hygiène et me coucher quand je suis fatiguée. Mes vieux ont voulu me tester en changeant mes horaires sous le prétexte que l'été s'est pointé, non mais sans blague ? On ne me la fait pas à moi. Je suis une horloge sur pattes, tout est carré, programmé aux ptits oignons dans ma tête. À l'heure dite, je suis au garde à vous à chacun de mes postes.

34

56

810

Il ne faut surtout pas, au grand jamais, me déprogrammer, sinon ça part en sucette. Un jour, mon précieux a pris le risque de m'appeler à une heure indue. Sur le point de prendre la position réglementaire, je m'interroge : mais OÙ faut-y que j'me pose, nom d'un chien ? Dormir et manger, quelque soit l'heure, c'est inné chez moi et j'en suis fort aise. Le reste ne sont que des acquis trés pavlovien, désormais inutiles et bien encombrants, inculqués par mon premier patron. L'ordre de mon précieux ne déclenche aucun de ces réflexes chez moi. Le peu que j'ai appris depuis, c'est avec la méthode "démerdezizich" voilà pourquoi je suis un peu brut de décoffrage. Mes nouveaux maîtres ne m'ont pas fait une seule journée de formation, à moins que cela m'ait échappé ! Je vous le dis tout à trac : c'est le foutoir. Bref ! Cette fois là, la vieille a senti que j'allais bugger : "Lolotte n'a pas le mode d'emploi" dit-elle. Un peu mon neveu ! en plus, j'voudrais pas qu'il prenne mon incompréhension pour un refus d'obtempérer. À la xième injonction de mon précieux, campé sur ses positions, je lui déclare tout net mon incompétence en laissant échapper un ptit pissou de désarroi. Mon maître en est tout chagrin parce qu'il pense que j'ai encore peur de lui. Je n'y peux rien quand il me cause, me questionne, je reste sans voix. J'aimerai tant avoir réponse à tout. Ses caresses et mes léchouilles en retour sont l'unique panacée pour résoudre notre problème. J'aime qu'on le pratique sans modération et l'y invite le plus souvent possible. A l'inverse, la vieille me cause sans arrêt et je pige que couic, mais ça ne me met jamais la rate au court-bouillon, allez savoir pourquoi ? Même que, quelquefois je suis tentée de la mettre au garde à vous !

1112

1314

1617

Je sens bien qu'elle profite de mon ignorance pour se payer de ma tête. Quand la vieille se rend en cuisine, je prends l'initiative de la rejoindre et lui montrer mon attachement envers et contre tout. Je suis l'évolution de notre repas et n'en perds pas une miette. Elle se décide enfin à récompenser ma collaboration et me file des bouts... de carottes "écoresponsable". Je ne suis pas née d'hier, les carottes doivent rester en terre pour nourrir les longues oreilles qui me nourriront à mon tour. "T'aime pas ça ?" dit-elle innocemment, Charly adorait en grignoter. J'ai soudain senti comme un souffle canin plus malodorant que le mien, flotter dans les airs et l'impression qu'on m'appelait "mon ptit lapin" en s'bidonnant.

1925

2035

25bis22

Mon cerveau est maqué avec mon ventre et ne sont pas trop de deux pour me nourrir. L'autre jour, je piaffais d'impatience devant l'échoppe aux saveurs asiatiques, c'était ma première visite au marché place Broglie. Toutes ces odeurs m'ont affolé. Le shopping terminé, j'ai marché au pied de mon précieux, veillant jalousement sur son sac qui se balançait à sa droite, un coup j'te vois, un coup j'te vois plus ! Nous avions tous deux la même hâte non dissimulée de faire un sort à ces nems, menthe et sauce, tous trois trés odorants. A midi tapante, j'étais à mon poste, sous la table et la vieille m'a rejoué un tour de cochon et me jetant quelques bouts de laitue. Elle me prend pour une poubelle ma parole ! Pendant c'temps là, Charly se marre là-haut et murmure: "elle te met au vert". Faut pas m'raconter d'salades, je ne suis pas grosse !

2627

2834

Mon précieux dit toujours qu'il faut danser quand la musique joue, j'suis d'accord avec tout ce qu'il dit par principe et pis la chose à l'air plaisante. Paroles, paroles, paroles que tous ces mots... Dieu sait que j'en ai entendu des prometteuses dont la musique s'est fait désirer. Ce coup-ci, je ne vais pas attendre demain la veille pour en profiter. La vieille n'est pas en reste et susurre à mon oreille des chansonnettes soit-disant pleines de promesses "nous avons toute la vie pour nous amuser, nous avons toute la mort pour nous reposer...". J'vais vous dire, tout ça c'est du baratin pour midinettes. Quand j'ai débarqué chez mes vieux, ils ont entouré mon panier déstressant, d'une multitude de "jouets" dont je n'ai su quoi faire. Tous ces envahisseurs m'ont laissé de marbre,  les lubies de mes maîtres ne m'amusent pas. Mon leitmotiv "c'est manger et dormir" parce que ça ne mange pas d'pain et pis c'est tout ! Je ne vais pas "gaspiller ma vie à tous les vents". Après mûre réflexion, entrecoupée de "garde à vous" j'ai tout simplement décidé, à l'inverse de la vieille, de me reposer maintenant. Je suis en droite ligne avec l'au-delà et j'peux vous dire au boucan qu'ils font la-haut, qu'à ma mort, j'vais m'en payer une bonne tranche et c'est pas Charly qui me contredira ! Voilà la philosophie de ma seconde vie et pis c'est tout ! 

3238

3940

Je blablate pour meubler le temps de cette balade qui n'en finit pas. D'autant plus qu'il n'est pas nécessaire de vous la commenter, vous connaissez le terrain par coeur. Voilà déjà 13 années que vous patrouillez à Durbach avec mes vieux, Charly et moi maintenant. J'vous dis bravo pour votre endurance et votre fidélité, parce que moi ça me fatigue déjà. Quel intérêt y-a t-il à crapahuter des heures durant, pour finalement faire une pause sur un banc pour bouffer des croquettes, les mêmes qu'à la maison et sans les ptits extras de leur repas en sus. Sans compter le retour qui ne se fait pas tout seul et brûle sans vergogne le peu de calories que j'ai pu engranger pour subsister. Heureusement une lueur d'espoir s'est fait jour, depuis que j'ai senti quelques failles à exploiter chez ma vieille. Voilà qui m'ouvre de nouveaux horizons et me rebooste pour la suite. Je vais pouvoir prendre les rênes et qui sait, étendre mon pouvoir sur toute la maisonnée, chut !!

2423

La vieille adans son manteau, une boite à récompenses oubliée, qui s'est rappelée à elle lorsque je l'ai stoppé net, d'un retournement magistral, lui coupant l'herbe sous le pied. Mon regard insistant et hypnotique l'a figé sur place jusqu'à ce qu'elle se libère de mon emprise en m'offrant la rançon (que je savais en sa possession) pour sa libération. J'ai fièrement repris le cours de cette rando jusqu'à ce qu'une invasion massive d'"oursins" de châtaignier, m'incite à poser mon fondement. Cet obstacle inattendu a piqué ma curiosité. Dubitative, j'ai préfèré patienter et voir venir. L'attente ne fut pas longue, la vieille jette un regard en arrière et s'enquiert de ma situation. Je me dis pourquoi pas tester à nouveau mes supers pouvoirs. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Je rive intensément mon regard, stratégiquement godiche, dans le sien et bingo ! Elle m’enlève dans ses bras afin de traverser ensemble cette difficulté.

2941

"Allo la terre ! Houhou, la pipelette ! " Charly commence à me fatiguer le ciboulot avec ces visites inopinées dans ma petite tête déjà trop remplie. Il en prend bien à son aise et fait comme chez lui...Tout ça pour m'inciter à marcher devant mon précieux pour lui indiquer la voie. Je rechigne à lui obéir, mais cette tête de mule me casse les absentes (Hé oui ! moi aussi.) et ne me laisse pas le choix. Dix bonnes minutes que je suis les consignes de mon GPS, quand soudain il s'écrie : " à gauche toute ! presse le pas jusqu'à la porte de mon auberge préférée, ça va épater nos vieux. Ni une, ni deux, je les ai scotché sur place en allant poser mon séant devant la porte, ils n'avaient plus qu'à me rejoindre. "Régale toi bien Lolotte, ta belle vie ne fait que commencer, profites-en !" Je lui devais bien un remerciement, ce que j'ai fait illico.  "Ne sois pas trop pressée de me rejoindre !" a t-il ajouté avant de disparaître. Je ne sais pas trop comment je dois le prendre, j'y réfléchirai aprés manger !

 

 "J'demande pas qu'on me comprenne, j'demande juste qu'on m'aime"

12 février 2023

"Retraite : Après avoir filé droit, voici venu le temps de tourner en rond"

 

"Tuer le temps n'est finalement que légitime défense"

Oui, je suis en retard ! Chaque fois que je m'applique à mettre mon histoire en page, on me sollicite sans me laisser une minute à moi. Jugez vous-même :  mes sorties hygièniques dans la froidure, mon décrassage du matin ou je slalomme entre les livreurs et les lycéens, puis mon soutien en cuisine et pour finir bon nombre de va-et-vient pour remuer la maisonnée qui traînasse à se mettre à table. L'après-midi, rebelote, c'est mon sac d'os qui veut me montrer sa ville qui ne ressemble en rien à celle de mon précieux. Je refuse d'avancer en terre étrangère avec quelqu'un qui ne sait même pas où il va... résultat, elle me porte comme un bébé, de quoi j'ai l'air je vous le demande, j'pourrais aussi bien faire ma sieste avec mon précieux. Bref j'suis surbookée !

15

2

3

En jetant à nouveau un coup d'oeil sur mon histoire sans paroles, il m'est apparu que le choc des photos faisait bien mieux que le poids des mots. Que puis-je vous dire de plus au risque d'affadir ce magnifique paysage ? Certes on a pris de la hauteur et un pique-nique pas folichon, écourté par un vent froid me donnant envie de redescendre vite fait. Bien entendu pour me faire suer, la descente fut chaleureuse à souhait. Cerise sur le gâteau, une vache est tombée en amour pour moi et m'a râpé l'museau de sa langue baveuse...J'ai failli oublier l'essentiel qui a mes yeux et mon estomac résume bien cette balade : mon précieux et moi avons dégusté des cerises au bord de l'eau, mais sans le gâteau!

5bis6

79

Vous allez me dire, quel rapport avec mon titre militant et ô combien d'actualité. Aucun, pur hasard de calendrier. Je veux profiter de ce moment où seul vos yeux sont accaparés, pour que vous me prêtiez l'oreille. Ça ne vous empêchera pas de marcher, c'est en pente douce... Ces derniers temps, j'ai beaucoup changer d'identité. J'avais un patronyme long comme le bras à vous donner envie de prendre congé juste aprés les présentations. De Penelope Cruz... y croutons, je suis passée à Charlotte, puis affectueusement Lolotte. Bien que je sois toujours en ligne directe avec qui vous savez et de ce fait, avertie de certaines étrangetés de la vieille, je ne me fais pas à l'idée de ses nouvelles trouvailles : "où qu'elle est ma pouilloute ? Tu viens la mèmère !". Il y a tout de même des limites à ne pas franchir. Qu'en est-il du respect de l'animal ?. Comme elle ne peut pas faire du jeune avec du vieux, elle veut me faire sauter les étapes, ça va faire mal. Je la soupçonne d'être jalouse. C'est sûr qu'elle ne peut pas se payer le luxe de mourir jeune. Ça m'a fait réfléchir, en d'autres temps ça eût payé, mais là, j'aurais mieux fait de ménager mes méninges. J'ai remarqué, enregistré et analysé un tas d'infos au long des neuf mois d'installation chez mes adoptants. De cette gestation est née une perturbante vérité, ils m'ont invité dans leur dernière demeure : une maison de retraite. Le couperet vient de tomber, je suis une condamnée à mort ! 

1011

812

1315

J'ai filé droit dans mes jeunes années et voilà que ma retraite dorée va me passer sous le nez. La coupe est pleine, je n'ai pas l'intention d'avaler mon bulletin de naissance à peine arrivée. Mais teckel je suis et forte de cet atout, j'ai finalement digéré l'info mais aussi révisé mon jugement. La situation n'est plus désespérée : je vis dans une résidence seniors. C'est quand même autre chose ! Certes, cette maison ne vaut pas le sénat, qui est le top du top pour une retraite dorée. Je vous rassure, ce n'est pas non plus celle où on paie cash mais pas content parce que ça sent le sapin. D'ailleurs j'comprends pas bien pourquoi, j'adore l'odeur, elle me rappelle les vacances au Tirol. Mon précieux m'a expliqué que le sapin c'est uniquement pour les deux pattes dépendantes parce qu'elles sortent les pieds devant... Faut je surveille mes vieux et bibi par la même occasion. Mon haut du crâne se fait déjà grisonnant... étrangemment depuis que la vieille s'occupe de mon esthétique.

1418

1620

Ceci dit, je ne m'ennuie pas dans ma tour d'ivoire, même que j'en descends, faisant fi de mes origines de haute lignée pour me familiariser avec les ptits vieux qui ne jurent que par l'ascenseur. Quatorze étages et en prime des heures d'affluence, ça en fait du temps à perdre. J'm'en fous, je sais maintenant que j'en ai. Par contre, la vieille lutte contre l'inévitable en prenant l'escalier, elle nous fatigue tous. Je suis en passe de devenir la mascotte d'un petit groupe qui prend régulièrement de mes nouvelles et me font la conversation. Certaines de ces dames y mettent tout leur coeur avec assiduité et enthousiasme, me redécouvrant à chacune de nos rencontres. La vieille prend soin de remotiver leur mémoire défaillante et minimaliste, comme la retraite des vieux. Dans le même temps, j'opère à nouveau mon travail de séduction en battant des cils, le regard lointain.

1719

2322bis

2226

Je dois aussi me sociabiliser avec deux de mes congénères, embarqués eux aussi dans cette aventure. Raoul, un cabot affublé d'un manteau en skaï et fausse fourrure qui, comme par hasard, a les mêmes horaires que moi. Le susnommé me file le train sans arrêt au point que la vieille doive assurer mes arrières. J'ai beau lui dire que je suis réformée, ce vieux beau, dur de la feuille ne l'entend pas de cette oreille. Je préfère cotoyer Rosy, la pom pom girl tout droit venue du Yorkshire. Sa taille lilliputienne lui interdit de rester au ras du sol trop longtemps, ça la rend trop vulnérable. Son long poil soyeux virevolte dans tous les sens, surtout quand elle frétille de joie, impossible de lui bonjour on ne sait jamais où s'adresser. Tous les évènements d'une journée, prennent enfin un sens pour moi. J'ai compris ou à peu prés, les us et coutumes de la "maison". Je trouve la pension tout à fait à mon goût finalement et je vais me la couler douce ici. Je suis toujours prête à prendre l'ascenseur, même si c'est juste pour chercher le courrier. Devant les boites aux lettres, se pressent quelques miss météo dont la carrière a pris l'eau. J'attends avec impatience qu'elles se penchent vers moi pour aussitôt esquiver leurs caresses. J'adore jouer avec elles tout en dérouillant leurs articulations. Je sens que je vais beaucoup m'amuser avec mes nouvelles amies.

2728

28bis28ter

Puis on remonte chez nous au dernier étage. Nous sommes les premiers de cordée pour cette ascension digne des alpinistes les plus chevronnés. Avant, il y avait les deux et quatre pattes, mais c'était avant! Maintenant, il y a les deux ou quatre roues, des rollators qui partent à l'assaut du restaurant au 3ème et ça donne lieu à des embouteillages apocalyptiques... Bien protégée dans les bras de la vieille, je les regarde d'un oeil compatissant, ayant la chance d'avoir deux cuisiniers à mon service. Mon précieux au fourneau à midi et la vieille le soir, bien qu'arbitrairement il leur arrive de me mettre au pain sec, pour cause d'excédent de poids... De nous trois, c'est toujours moi qui trinque, je dois faire avec, n'étant pas admise au restaurant. Mon sac d'os dit de moi que j'ai un côté "Nous ne sommes pas du même monde" et en même temps j'suis z'un peu rustique, brut de décoffrage. C'est pas faux ! Et ça m'est bien utile pour faire un tri lors de mes voyages en cabine. Je profite de ces moments là pour choisir mes amis, futurs followers, dans le panel qu'on me propose jour après jour.

3030bis

3132

Je rencontre des chiffonnées qui râlent beaucoup et vous causent de leur rate qui s'dilate et d'leur foie qu'est pas droit. Ma vieille et moi on les snobe de peur d'être contaminées. À l'inverse, il m'arrive d'observer avec insistance des bêcheuses à la démarche assurée qui ne veulent pas être vues, dès fois qu'on les vieillisse rien qu'en les regardant. Ce n'est pas non plus ma tasse de thé, ma préfèrance à moi, ce sont les fripées qui sourient et illuminent mes allers et retours dans l'ascenseur. Sur leurs visages sillonnent les rides du souvenir, un vrai plaisir des yeux que ces livres ouverts. Certains jours, au détour d'un couloir, on peut entrevoir et surprendre des vieilles France pour qui le temps s'est arrêté, j'suis pas contre! En résumé, il y a des personnes agées ou des vieux. C'est pas pareil ! même s'ils vont quand même dans la même direction... J'oubliais l'essentiel, y'a aussi des précieux qui doivent numéroter leurs abattis à chacune de leurs apparitions, parce qu'ils sont minoritaires, voire en extinction ! Heureusement je veille au grain, je ne laisse jamais le mien sortir seul !

3334

Aprés mon repas, je redescends avec la vieille pour un ptit tour au jardin. Je retrouve mes amies à qui j'offre un lift. Repues et pressées pour une sieste bien méritée, elles se font tout de même des politesses à chaque entrée et sortie de l'ascenseur, avant de regagner leurs appartements. Cette retraite aux flambeaux d'un autre âge manque de fun. Cette fois là, j'ai décidé de mettre un peu d'ambiance pour les distraire, puisque nous voyageons ensemble. J'ai fait mon show en sortant brusquement de la cabine, tournant en rond zigzaguant entre les roues, les cannes et les chaussons. Malheureusement, ayant omis de mettre la vieille dans la confidence, elle m'a emboité le pas un peu affolée. C'est alors que j'ai entendu fuser au milieu de la cacophonie : "la pauve mémère ! elle perd le nord". "Elle perd la tête la ptite mère, faut l'aider !". Non mais ! un peu de respect pour les vieux...me suis-je dit, la vieille a encore du mordant, jusqu'à ce que je réalise qu'on parlait de moi. Puisque c'est comme ça, le spectacle est terminé, je ne suis pas là pour amuser la galerie. Contrairement à ce que dit mon sac d'os, je ne suis pas Borne, houps! bornée. Je n'ai qu'une chose à dire : "la retraite il faut la prendre jeune- faut surtout la prendre vivant. C'est pas dans les moyens de tout le monde." Moi, c'est quand je veux et c'est maintenant. Pépère !

35

 

"Si le temps m'est compté ce n'est pas une raison pour me filer les restes"

 

 

 

08 janvier 2023

"De même les paresseux essaient en vain de travailler...Moi, j'essaie en vain de ne rien faire"

 

"Vieillir reste encore ce que l'on fait de mieux sans le moindre effort"

C'est un programme qui a droit à toute mon adhésion... Bêtement j'ai cru, lors de mon adoption par mes deux vieux, que j'allais vivre l'histoire de ma vie dans leur sillage, à la cool. Je m'aperçois qu'à certaine période de l'année, une sorte de réflexe sporadique, les pousse à remonter le temps histoire de rajeunir un brin. Je trouve ça dérisoire et fatiguant. J'aime à me blottir prés de mon radiateur ou mon panier moelleux et regarder le temps passer. Je suis une flemmarde obligée d'instruire l'art de la proscratination à des élèves dissipés. Ma première leçon a commencé aussitôt installé dans le téléphérique. Etendue sur les genoux de mon précieux, je l'ai endormi en un rien de temps, grâce à mon côté somnifère qu'il affectionne tant. Il faut dire que c'est un excellent élève que je chouchoute, mais qui a une mauvaise fréquentation, suivez mon regard...Le babillage néfaste de "note" vieille se veut persuasif et donne des à-coups à notre moment d'indolence.

28

35

Une marmotte installée sur le piton rocheux, juste en face de notre cabine, assiste débonnaire à notre débarquement sous l'ombre des ailes de son protecteur. Zen soyons zen ! Mon chouchou choisit le premier banc à quelques mètres de là pour réfléchir à ce que nous allons faire de cette belle journée tout en contemplant le spectacle. Alors que je dodelinais à ses pieds me demandant qui regardait qui, j'ai dû me resigner à reprendre du service pour suivre mon plus mauvais élève pour un bourrage de crâne en règle, avec l'espoir qu'elle rentre enfin dans le rang.

67bis

J'ai affaire à plus fort que moi car le soleil a pris son parti. Prudente, j'ai déclaré forfait sur ce coup là. Le sac d'os a fait le chemin inverse à mes côtés, jusqu'au banc où m'attendait mon bon élève, admettant enfin que je n'étais bonne qu'à prélasser mon popotin. Clairement voilà qui confirme l'excellence de mon enseignement. Elle a enfin compris que je prônais l'éloge de la paresse mais à l'évidence, se refuse toujours à être mon disciple. La "Bougeotte" est repartie dans la foulée, faire grimpette avec un petit groupe de vieilles biques avec lesquelles elle a, semble t-il, beaucoup d'affinités.

1515bis

15ter16

1718

204

Ce sont les siffleux qui nous ont réveillé, signalant de stridente façon des intrus et pas des moindres, puisque la vieille en fait partie. Chassez le naturel il revient au galop !  Puisque mon précieux et moi n'avons pas encore établi notre emploi du temps de cette journée, elle reprend la main et suggère de nous rendre au Lammerbühel pour un petit casse-croûte. Puisqu'elle insiste, nous avons sacrifié un peu de notre temps de réflexion, pour le perdre ici et là le long du chemin. C'est alors que mon ventre s'est mêlé de me faire la conversation au point que je perde patience, pressant le pas pour mieux y échapper. Le soleil m'assomme de sa chaleureuse présence et commence à m'échauffer les oreilles. Au loin, bien trop loin, de sombres nuages s'agitent et balayent les sommets comme une murmuration d'étourneaux. Je ne serais pas contre un rapprochement nébuleux, histoire qu'ils tirent le rideau sur cette étoile encombrante encore à son zénith. D'ailleurs, j'ai déjà un soleil rien que pour moi qui m'est précieux. Contrairement à l'autre, il ne me brûle pas la couenne mais illumine mes journées.

1112

1422Moyenne

1310

2122bis

Hé bé mes aïeux ! Je n'en demandais pas tant. Mes désirs sont des ordres... ça ne marche pas encore avec mes nouveaux patrons, mais nom de Zeus, les éléments sont à mes pieds. Les nuages se regroupent et s'activent à celui qui sera le plus ténébreux. Certains sont assez gonflés pour se poser sur ma prairie et glisser entre mes pattes, par moment j'ai même du mal à distinguer mon précieux. Je déchaîné des forces obscures et n'en ai plus le contrôle. Et de deux ! La pluie déverse son cours en accéléré, ça va j'ai compris la leçon... Sortez moi de là avant qu'elle ne m'emporte comme un fêtu de paille. Le vent a rejoint cette mauvaise troupe, décidé à me faire valser. Mes vieux emmpêtrés dans leur poncho arrive enfin à ma rescousse et me pousse sans ménagement dans ma studette avec ma serviette. Le message est clair : sèche toi toute seule. J'ai bataillé en aveugle dans mon réduit, faisant de mon mieux pour me sécher et trouver ma place quand le tonnerre et ses éclairs ont zébré le ciel. Illuminant chacun des sommets environnants tandis que le grondement rebondissait d'une vallée à une autre, encore et encore plus terrifiant...J'avais enfin de la lumière à mon étage et un intérieur plus confortable, mais finalement j'ai préfèré ne rien voir et rester dans le noir.

2320bis

2426

Les derniers cents mètres qui nous séparaient de notre refuge ce sont faits au pas de charge. La pluie drue s'est changée en grêle. Soudain on cogne sur le "toit" de ma studette, protégé par le ponchon de ma vieille. Des grelots bien que débutants et minuscules nous cinglent avec violence, une vraie dégelée c'est moi qui vous le dit. Des lueurs électriques et sulfureuses d'aprés ma truffe, rejoignent les enfers tout en éclairant mon antre au passage. La mort fait le guet. La vieille au coude à coude avec mon précieux l'ont snobée, précipant leur pas dans un dernier souffle vers notre auberge-refuge. Comme par magie, la porte s'est ouverte accueillante, hommes et femmes nous ont débarassé de nos vêtements ruisselants, ponctuant de ho ! et ha ! la chance qui était la nôtre. Nous nous sommes glissés dans l'unique pièce fumante de chaleur humaine où il restait encore une petite place pour nous. Bien qu'au ras de sol, je suis bien vite devenue l'idole de ces montagnards de tous horizons. À notre table, il y avait un écossais accompagné d'une anglaise et une canadienne sous la houlette du guide de montagne autrichien. Et c'est en excellente compagnie que nous avons dégusté la plus délicieuse et roborative soupe que j'ai jamais mangé !

24bis25

25bis4

Il a bien fallu remettre le nez dehors et je n'étais pas convaincu de cette nécessité. À ma grande surprise, la nature avait fait les choses en grand. Un petit coup de vent et du balai la pluie. Un faible rayon de soleil a capté malicieusement mon regard et me cligne de l'oeil. La grisaille le happe aussitôt. Je n'en saurais pas plus sur cette farce dont on a fait les frais. Restons-en là, il faut laisser les choses comme elles sont et ne pas réveiller l'eau qui dort. Le calme est revenu c'est l'essentiel. Tu parles ! Deux cris à intervalle rapproché viennent mettre mon coeur à mal. Celui contrarié de mon précieux, qui assiste à la cavalcade enthousiaste d'un troupeau de laitières de retour à l'alpage, qui malheureusement stoppe net sur notre chemin de retour pour commencer leur tondaison. On est bon pour un contournement digne d'un itinéraire bis. C'est-à-dire : pas sûr d'arriver...même quelque part ! Je me retourne pour voir où en est mon sac d'os. Elle a du mal à extirper son appareil photo, trop bien mis à l'abri des intempéries dans son sac et s'agace toute seule. Levant la tête, elle se fige soudain comme hypnotisée. Un lièvre d'un beau gabarit, digne d'un lapin des Flandres, se dresse sur ses longues pattes de derrière et jauge la vieille. Il fait claquer ses grandes oreilles de contrariété. Sa tête plus petite, ornée de belles moustaches évalue ce potentiel danger. Toujours scotchée sur ces gros yeux ronds, la vieille a enfin sans geste brusque récupèré de quoi faire la photo du siècle. L'animal s'élance à faire pâlir de jalousie un kangourou et fait faux bond à l'objectif. Frustrée, la vieille pousse un cri rageur.

3233

Elle nous a gavé avec son lièvre, au point que pour me divertir, j'ai fini par me l'imaginer dans les casseroles de la vieille. Ça m'a permis d'aller au bout de cette balade "une étoile" (pour la soupe) ma paresse ayant beaucoup souffert de cette journée. A force de mettre en cause les intempéries pour ce scoop manqué, la pluie est revenue lui clouer le bec. Assis à couvert à l'entrée de la station du téléphérique, nous avons, en bon élève, patiemment attendu qu'elle renonce enfin à pister l'animal qui devait être dans son gîte depuis belle lurette. Mon précieux me serre dans ses bras et me dit tout sourire " Regarde Lolotte ! Y'a pas pire qu'un fainéant quand il se met au boulot". C'est vrai que le spectacle de ce poncho dégoulinant qui sautille d'un rocher à un autre et en tous sens est fort distrayant.

2834

Pour quelqu'un qui s'enorgueillit d'être flemmarde, je la trouve usante. Qu'elle laisse faire les pros, m'est avis que nous n'avons pas la même définition de la fainéantise....

"Fainéhantise : Peur obsédante de la paresse, du temps mort, de la durée non remplie."

 

 

 

 

27 novembre 2022

"Tout ce qui nous tient à coeur, l'empêche de battre librement"

 

"On a le coeur gros quand on fait le plein d'émotions"

Maintenant que la chaleur ne me coupe plus les pattes, mes aidants ont décidé de me faire découvrir le camp d'entrainement de Charly, notre cher disparu. Soit dit en pensant, mon maître à penser ne se foule pas beaucoup pour me rendre visite et m'abreuver de ses conseils, ce pourrait-il que je sois enfin opérationnelle ? C'est probablement pour en être sûr que mes aidants me font passer cet examen final qui clôt les nombreux tests que j'ai passé haut la patte, tout en restant dans le minimum syndical. Point trop n'en faut, pas question de "tout donner" j'attends pour voir !

Capture d’écran du 2022-11-08 17-12-16DSC01517

DSC01519Capture d’écran du 2022-11-08 17-09-02

DSC00011DSC01494

DSC01497DSC01492

A mon actif j'ai déjà, l'exploration de mon nouveau chez moi. Je poursuis à mon rythme, la domestication de mon précieux et lui la mienne. Je supporte stoïquement les marques d'empathie des deux pattes qui s'imposent dans mon ascenseur indiscipliné. La ville et ses rumeurs matinales n'ont plus de secret pour moi. Je circule entre les trams et les camions de livraison, sans peur et sans reproche. Au bout de ma laisse, j'emmène mon précieux chez MON boulanger. Nous en avons testé un bon nombre, avec que je fasse mon choix. À mon grand regret, ce type de visite gourmande, fonctionne comme mon ascenseur, un coup on s'y arrête, un coup on zappe, je n'ai pas encore décodé ce rébus. Mais s'il y a croissant, il y a partage sur le banc que je choisis. Pour une obscure raison, beaucoup d'entre eux ont disparu ces derniers jours et j'en suis bien marrie. Le sac d'os, au retour de ma virée en ville, m'a expliqué que c'était à cause des chalets de Noël. Je veux bien écouter l'incompréhensible, du moment qu'elle n'oublie pas le deuxième service au goût de miel, what else ! Je petit-déjeune en deux versions pour ne pas faire de jaloux. Ceci dit, ne perdons pas de vue l'essentiel, ça n'est pas parce que je vous fais un compte-rendu de mes avancées, qu'il faut quitter des yeux le chemin et son guide.

DSC01514DSC01530

DSC01564DSC01606

DSC01488DSC01569

Ne cherchez pas des yeux la star des podiums, j'ai opté pour un look débraillé, un peu hippy même pas chic. Sachez que même "négligée" je plais beaucoup en ville, on s'arrête souvent pour me prendre en photo. Je dandine non pas à cause de mon embonpoint mais parce que le terrain est accidenté. J'ai l'oeil aux aguets et je remue ma truffe sans arrêt comme la sorcière bien aimée. Ce nouveau territoire est ma "tasse de crème", verger, potager et protéines... question boustifaille on n'est pas déçu !

DSC01580DSC01585

DSC01581DSC01565

Vous avez eu la chance d'assister il y a peu à un miracle, enfin...je marche ! Ma studette n'est plus qu'un pied-à-terre, du moins pour l'instant. Sitôt ce fait acquis, on a exigé de moi, encore plus. J'ai déjà la maitrise totale de la marche en laisse. Franchement dit, il n'est pas encore né celui qui va m'en apprendre plus sur le sujet. Malgré ça, j'ai eu droit à une leçon pendant mes vacances au Tirol. Mon précieux m'a dit : "Allez ma pépette, on marche ! " J'ai attendu son top départ en vain. Voilà t'y pas qu'il tire sur ma laisse vers l'avant, comme pour me dire : "aprés vous !". Evidemment j'suis perplexe, mais pas bête non plus. Je passe donc devant lui, quêtant son approbation en me retournant. Son silence devient mon laisser-passer. Je le sens un peu confus dans son coaching, rien à voir avec mon ancien boss. C'est le moment pour moi d'effacer trois années de servitude à un collier type Mao qui m'a fait un long cou de girafe avec des oeillères. Je prends donc les rennes, cheminant au gré de mon envie. La pâture recouvre mon sentier, je la fauche sous mes pattes en slalomant avec enthousiasme. Malgré mes bonnes intentions, j'ai fini par couper l'herbe sous le pied de mon précieux. Je suis un peu brute de décoffrage, mes premiers pas vers l'autonomie n'en sont qu'à leur balbutiement. Mon précieux mécontent m'a remis sous tutelle, omettant de m'expliquer la règle de ce nouveau jeu. Bonne perdante, je me replace derrière lui et dans la foulée je repère un coussin de verdure ondoyant, parfumé au myosotis. Le cadre idéal pour poser mon fondement et prendre de la graine. À peine installée, j'en suis délogée ! Puisque la leçon est remise à plus tard et qu'il n'est pas question de faire un sit-in, je bascule sur mon dos, me laissant tirer comme une luge sur l'herbe, les coussinets en l'air méthode Rantanplan. Mon maître me remet d'aplomb sur mes quatre fers qui ne m'ont pas porté chance dans cette affaire. Instinctivement, mais pas seulement...j'ai senti que je n'étais plus en odeur de sainteté. Mon précieux ne faisait que répéter : merde, merde et remerde ! Il est vrai que le parfum un peu vache et typé qui m'accompagne n'est pas du goût de tout le monde.

DSC01585DSC01599

DSC01593DSC01584

DSC01577DSC01532

Aprés ce management improductif, nous avons repris le collier. Désabusée, un peu merdeuse, j'ai compris que toute ma vie j'aurais un fil à la patte. Le lendemain, alors que je m'étais résignée, une nouvelle épreuve m'attendait. Un long chemin forestier s'ouvre enfin sur une jolie clairière recouverte d'un tapis végétal et multicolore. Sous la douce lumière du soleil j'en reste bouche bée de reconnaissance. Mon maître m'a pardonné mon inaptitude. Je respire la vie alentour à pleins poumons. Mon précieux me caresse l'échine et je me sens soudain liberée du poids de l'allégeance. Cette laisse a enfin décidé de me lâcher la grappe... 

DSC01601DSC01699

DSC01702DSC01596

DSC01689DSC01678

Mon précieux m'exhorte à aller plus loin pour voir si j'y suis. Sérieux ? Pourtant, je suis là, à ses pieds et bien visible. Je suis perplexe et me trouble. Pas moyen de décoder ses intentions. Ce peut-il que notre belle histoire prenne fin ici, maintenant ? Je m'aventure seule. Un coup d'oeil derrière moi pour lui laisser une dernière chance de me garder, mais il laisse planer le doute. Trop tard ! Un vent de liberté s'engouffre sous mes oreilles et m'encourage à briser ce joug auquel je m'étais finalement attachée. "Et maintenant que vais-je faire de tout ce temps..." il ne me reste plus qu'à foncer droit vers la forêt, ce sera mon baroud d'honneur. J'ai failli attendre! Je désespérais de ne plus jamais entendre crier mon nom. Mon coeur fait un bond et s'emballe. Je sais enfin pour qui il bat et ce n'est pas que pour moi. Mais ma petite voix intérieure me dit : tout doux Lolotte, garde encore un peu tes distances. On t'aime ou on ne t'aime pas ? Faudrait savoir ! tu'n t'appelles pas "fous l'camp viens ici". Mon instinct me le confirme : il y a un loup quelque part. Je me retourne sans toutefois céder d'un poil à leur appel du pied. Ils s'égosillent, puis se font plus cajoleurs, mais je résiste et ne veux pas l'entendre de cette oreille. Il m'en faut un peu plus pour me faire changer d'avis.

DSC01642DSC01704

DSC01644DSC01645

DSC01667DSC01647

DSC01674DSC01710

Toujours loin de moi, mon précieux s'est alors accroupi et m'a fait miroiter mes gourmandises préférées. Alors pour ne pas perdre la face, j'ai laissé mon estomac prendre la décision à ma place. Tous deux nous sommes revenus dans le giron bienfaiteur avec une lenteur calculée, mais secrètement conquis. Il y a bien eu une petite trahison du côté de ma queue qui balayait frénétiquement le temps qui me séparait de mes attachiants. J'ai compris qu'ils avaient eu aussi peur que moi quand ils m'ont serrée à m'étouffer, dans leurs bras. Ce test avait pour but de savoir si nous avions, moi et ma truffe l'envergure de supporter l'ivresse des grands espaces, sans nous y perdre et n'être plus qu'un souvenir douloureux pour mes compagnons. Malgré la crainte que l'on se perde de vue, mon précieux a tenté l'expérience tant redoutée. La chose est entendue nous sommes inséparables !

DSC01694DSC01587

DSC01548DSC01503

Trève de commentaire, cette petite balade m'a ouvert l'appétit. C'est une virée découverte et j'ai encore droit à ma gamelle classique en attendant de goûter à tout le potentiel gastronomique de la région. Rien qu'à cette idée mon frichti prend une saveur toute particulière. Je vous ai laissé flâner à votre guise, sachant que vous connaissez ce secteur comme votre poche. Vous y avez retrouvé la trace de Charly, pendant ce temps j'ai remis de l'ordre dans mes pensées et fait un bilan semestriel de ma deuxième vie, dont je suis assez fière. Ces derniers jours, mon apprentissage prend un rythme effrené. J'ai encore eu ma dose d'émotions fortes et de stress. Mon précieux n'étant pas là, j'ai squatté les genoux de ma vieille branche, jusqu'à son retour. Ce n'est pas l'endroit le plus confortable de cette maisonnée. Ce faisant, je fais sa joie à défaut de faire la mienne. À peine sur ses genoux, elle me secoue comme un prunier et chante comme un coq enroué dès que je ferme l'oeil. Ses quintes de toux ont fini par m'irriter et je suis allée crêcher ailleurs. Sans m'en tenir rigueur, elle m'a expliqué tout en s'extirpant de son fauteuil que tout cela n'était pas intentionnel, mais plus le fait d'être une vieille mal fichue. C'est bien ma chance, je suis tombée chez une "malade" ! À partir du grand âge, on devient boiteux dit-elle "parce qu'on oscille entre un pied sous terre et pied sur terre". Là dessus, elle éclate d'un rire qui déclenche une toux apocalyptique à la remettre dans son fauteuil, puis reprenant son souffle elle met un point final à son monologue qui demande mon analyse à tête reposée. Bref ma Lolotte ! dit-elle : " Je ne te cache pas qu'on est plus prés d'une croisière sur le Styx que du baptême de feu d'un poupon".

DSC01730DSC01572

Capture d’écran du 2022-11-08 20-21-10DSC01735

Voyant mon air stupéfait et craignant que l'inquiétude me gagne à nouveau, elle me rassure. Ma pouilloute, ne te fais pas de mouron, je suis en passe d'entrer dans les années seventies, patte d'éph et tutti quanti, le bonheur quoi !. D'ici qu'elle me cause d'éléphant rose y'a pas loin. Ce pourrait-il que....? Pas question de faire encore du remue méninges, je m'installe dans l'entrée sur mon tapis, mon gourou ne va pas tarder. Enfin ! Sur le palier, nous avons, lui et moi, échangé caresses et léchouilles mettant ainsi fin à notre petit debriefing. Chez nous, le repos pour les braves est obligatoire et pour ce faire, comme dit mon mentor, rien ne vaut les "cons de la télé" pour vous endormir. Mes ronflements et ceux de mon précieux en cadeau, vous tiendront compagnie sur votre chemin du retour. Ne prenez pas froid, ça peut vous mener loin... 

 

"On ne se méfit jamais assez : la preuve, on meurt !"     

 


30 octobre 2022

"Je ne suis pas bonne à rien : je suis une excellente paresseuse."

 

"La paresse est utile à cause de l'effort qu'elle demande à être surmontée"

Ce matin là, mes aidants particulièrement indécis, on fait passer mon temps et le leur, en allant chercher quelques cartes postales. Puis nous nous sommes attablés, le temps de gratter du papier, chose qui s'est avéré aussi complexe que de savoir "c'est quand qu'on va où". De mon côté, je ne fais pas de projet, que ce soit à court ou long terme. Je préfère me complaire dans le présent qui n'est déjà pas de tout repos. Quand une journée se présente mal, que le temps lui aussi est incertain, j'ai une méthode imparable : je retourne me coucher ! Comme de bien entendu personne ne m'entend, je n'ai pas pensé assez fort. Je soupçonne la vieille de faire la pluie et accessoirement le beau temps. Voilà t'y pas qu'elle piètine d'impatience. Ses jambes la démangent et elle se jette à l'eau, nous proposant une nouvelle balade appropriée à la situation. La tête rentrée dans mes épaules j'attends la réaction de mon précieux. Je m'évade en pensée, peu pressée de savoir à quelle sauce ils vont mitonner ma journée. Laissez moi plutôt vous faire part de mes nombreux progrés au sein de ma famille adoptive dont on m'a donné la charge.

 

 3cM1c

Comme vous le savez, j'habite au 12ème étage d'un immeuble. Lorsque je quitte mon gîte ou j'ai le vivre et le couvert, je viens me placer entre deux monte-charge qui se font face sur mon palier. Je sais avant mes vieux, quel est celui qui s'ouvrira le premier pour nous. Ils montent et descendent sans arrêt et semblent avoir perdu le nord. Je m'en fous du moment qu'ils me déposent au jardin pour accomplir mon devoir. Quand la porte s'ouvre, aidée d'un bon coup de museau, je tourne à droite ou à gauche selon que je sorte du petit ou du grand ascenseur. Je ne me trompe jamais, contrairement à ma vieille qui n'a aucun bon sens. Mais là où le bât blesse, c'est lorsque ces maudits ascenseurs se liguent contre moi et s'ouvrent sur un palier inconnu de moi. Pire encore, pour ajouter à ma confusion, il y a toujours plein de deux pattes qui bataillent pour y rentrer, quand je veux en sortir. Forcément ça fait grimper ma tension. Je disjoncte et courre comme une dératée droit devant moi avec à mes trousses dieu sait qui. La chasse au teckel prend fin lorsque je me retrouve acculée au bout de l'étage sur un tapis qui n'est toujours pas le mien. Je me retourne alors, la peur au ventre pour faire face au danger, n'ayant plus d'autres choix. Le temps me semble interminable jusqu'à ce que je reconnaisse la silhouette de mes compagnons de vie, les seuls qui ont sonné l'hallali. Aprés plusieurs déboires du même genre, je me suis fait une réputation dans l'immeuble. Maintenant bon nombre de deux pattes me saluent au jardin et dans l'ascenseur que j'accepte bon gré, mal gré, de partager. Je les regarde quand même de haut et garde mes distances, je ne suis pas née de la dernière pluie. En parlant d'eau, il nous faut revenir à nos moutons et pas question que je sois celui de Panurge !

5c6c

9c9d

10c12c

"Que d'eau ! que d'eau ! et encore je n'en vois que le dessus." Le test ascenseur enfin réussi. Mes aidants se livrent encore à une autre expérience pour me tester. J'ai comme l'impression d'avoir droit à une nouvelle évaluation de mes compétences. Ils ne vont pas être déçus, pas question de montrer tout mon potentiel d'un coup. Je vais même jusqu'à participer à l'effort commun pour être à la hauteur de leurs attentes, en attendant d'en savoir plus. Il me semble judicieux pour l'instant de me faire discrète et rester dans mon cagibi portable, pas question que je sois une charge pour qui que ce soit. Je suis souple d'échine moi et depuis mon plus jeune âge... Dans un premier temps, ils ont marché presque à fleur d'eau et moi, toute truffe dehors, je n'ai pas boudé mon plaisir. Puis on a grimpé et l'eau s'est pris au jeu, cascadant sur la roche, bondissant toujours plus haut jusqu'à presque nous rejoindre. J'ai alors mis mon museau au sec, évitant ainsi à mes vieux, le souci de me voir décliner à cause d'un coup de froid et ternir ainsi nos belles vacances... reposantes. Là sincèrement, je crois que j'ai gagné des points, j'ai toutes les chances de réussir mon examen. Ça me change des podiums et c'est plus cool !

13c13ca

13d14ca

14c

Je croyais en avoir terminé avec les épreuves, mais un panneau flèché indique "plus vite, plus haut, plus fort". Faisant preuve de bonté d'âme, j'ai demandé à mettre pied à terre, ayant à coeur de soutenir mon précieux qui va imposer bien des souffrances à ses genoux grinçants. Aussitôt sur le plancher des vaches, je me suis débarrassée du superflu tout en contribuant à la santé de notre bonne vieille terre. Mon précieux m'a repris à son bord avec, me semble t-il, une légère exaspération. Sans doute la crainte de se faire lâcher par son genou. Mais, heureusement il peut compter sur moi. J'en ai encore sous le pied et ne faillirais point. Un peu plus légère, prête à encourager ses efforts, je campe sur mes positions et surveille nos arrières pendant cette périlleuse montée. Je ne l'ai pas senti en phase avec moi sur ce coup là. Il faut dire que les obstacles n'ont pas manqué au point que le chemin lui-même, dégoûté, s'est fait la malle. Et ce n'était que le début ! En débouchant enfin à l'air libre, un petit comité d'accueil à quatre pattes nous attendait de pied ferme. D'autres ruminantes toutes aussi jolies et peut-être curieuses ou vindicatives, qui sait ?! sont venues en grossir les rangs, au fur et à mesure de notre avancée, jusqu'à devenir un rassemblement. Je me suis proposée d'aller à leur rencontre pour connaître leurs intentions à notre égard. J'avoue que j'avais quelques autres idées en tête. Mon imagination vorace me dévoilait des pots de crème et autres gourmandises, au point même de les sentir.

16c. 17c

17d18d

18c18e

Motivé par une rancune tenace envers tous ces chemins qui s'acharnent à nous envoyer balader à la sueur de not'front, mon précieux avait ouvert une brèche dans le bataillon bovin. À ce même moment, trés précis, les grognements de mon estomac et les miens, se sont fait entendre à la mesure du contentement espéré d'un festin amplement mérité. Voilà comment notre étroite collaboration a mis fin à une bataille dont l'issue aurait été incertaine... en tous cas pour mon précieux en première ligne ! Le sac d'os bien planquée derrière notre ombre n'était q'une pâle vision de notre arrière-garde. Malgré tout, il était de notre devoir, à moi et mon précieux, de veiller à ce que nous franchissions tous indemnes, la barrière de protection. Nous jetons un dernier coup d'oeil à nos arrières, mais à la faveur de ce demi-tour protecteur, la vieille toujours dans notre ombre s'est retrouvée sur le devant de la scène. Elle a pris du galon et du même coup, la tête de notre groupe, entrant ainsi dans la Hütte en éclaireur auréolée de gloire. Y'en a qui ne manque pas d'air ! Enfin arrivée au terme de ce voyage initiatique, j'attendais stoïquement que mon graal se remplisse. Puisque chacun doit être payé selon son dû, j'élaborais moult menus inspirée par le cadre bucolique, mais pas que... L'espace d'un instant, j'ai songé à mettre de côté mon âme chevaleresque pour suivre les préceptes de mon opportuniste maîtresse, surtout lorsque par deux fois, mon précieux s'est penché vers moi pour m'offrir... une caresse. Lorsque le fumet de ma goulash soup m'est passé sous le nez, c'est le cas de le dire, il m'a généreusement abreuvé de flotte. La coupe était pleine ! Et pourquoi pas du pain sec, tant qu'on y est ! Je me suis mis au harcélement, me frottant contre la jambe de mon précieux avec force grognements, digne d'une chatte affamée. Nous nous sommes réconciliés. Aussitôt ma jatte de crème lappée jusqu'à la dernière goutte, j'ai regagné les genoux ankylosés de mon précieux pour y faire une sieste digestive avec massage de mon bidon.

19fMoyenne19g

19h19i

19j19k

 

19l19la

 

19m19n

Il y en a qui regrette de s'être éloigné de leur arbre qui rendait heureux et bien moi j'pense que j'aurais dû rester sur mon  balcon pour la même raison. Contempler les volailles jouant à cache cache avec ce pôve coq au point de le rendre chèvre est un régal dont je ne me lasse pas. Le voir se démener du matin au soir à surveiller son cheptel en chantant "groupir, groupir" pendant que ces dames caquettent derrière son dos est une occupation reposante tout à fait dans mes cordes. À cette réjouissante pensée, je me suis sentie pousser des ailes et j'ai décidé de marcher au pas de charge, pour retrouver mon poulailler. Voilà comment on part sur une idée et on rentre à pied.

19o19p

19r19s

19u

"Quelle différence y a t-il entre une homme sage et un homme intelligent ? Allez savoir ! Mais il est vrai que l'homme intelligent parvient à résoudre les problèmes qu'un teckel sage a su éviter."

 

 

 

 

 

24 septembre 2022

"défaire les noeuds de la vie demande un temps fou à lier"

 

"Qu'il est long le chemin d'un instant à l'autre"

13

45

76

Ce matin, mes nouveaux propriétaires semblent indécis quand au programme de la journée. Dans l'attente d'une idée de génie, ils se proposent de flaner dans les rues de Kitzbühel. Quand à moi, aprés avoir passé une nuit réparatrice et dégusté un breakfast toujours aussi revigorant, j'ai pris une grande décision. Il est temps de poser pied à terre et arpenter le bitûme. Au fur et à mesure de ma visite touristique, j'ai pris de l'assurance. Depuis que j'ai fait opposition au diktat de la taille mannequin, ma gourmandise pèse sur ma carcasse. Mais apparemment, ma démarche de reine fait toujours son effet, finalement j'ai bien fait de prendre de bonnes résolutions. Ça me va bien au teint puisque les passants se retournent sur mon passage et me jettent des regards admiratifs. Depuis que je suis tombée entre les mains de mes deux vieux, j'ai découvert des sensations gustatives ignorées jusqu'à ce jour. Depuis je reste bouche bée, ce qui m'a valu 1 kilo de plus qui rembourrent mon petit popotin, que le sac d'os me jalouse. Sans cesse elle me tacle à ce propos et je ne manque pas de le dandiner allégrement devant elle. Cette partie de plaisir a fini par se retourner contre moi. Devant une vitrine, deux grands gaillards à poils durs sont venus me saluer et je n'ai pas flairé le danger. Ils avaient une idée derrière la tête enfin façon de parler...Un troisième lascar les a rejoint et ils m'ont encerclé avec convoitise. C'est mon précieux qui m'a tiré hors de ce guêpier où je m'étais fourrée. La vieille m'a rassuré d'une caresse puis taclé d'un "t'as eu chaud aux fesses ma pove Lolotte !" Aprés ça, les mines de rien, salutations et autres civilités trés peu pour moi ! La prochaine fois, y z'auront droit à "MeTootou". Une chose est sûre, il y a grand danger à mettre pied à terre.

89

1110

12

Nous avons finalement opté pour une balade dans la nature, beaucoup moins risquée. Bien entendu, cette facheuse aventure a refroidi mes ardeurs. Forte de cette expérience dont j'ai tiré la leçon, je suis restée sur le dos de la vieille qui elle, peut se permettre de prendre un peu de poids. Dieu sait que je peux être légère et discrète quand ma survie en dépens. Les hautes cimes nous font de l'oeil et au dessus de ma tête une girouette persiste à nous montrer des chemins de traverse. D'où je suis, la chose m'indiffère. J'ai pour seule ambition de devenir potiche. C'est un pur bonheur de rester là où l'on vous pose, croyez moi. J'ai déjà connu les plus hautes marches, les podiums et les médailles qui ne m'ont pas rapporté grand chose. Les sommets, je les laisse à qui veut. Certes, cette deuxième vie qui s'offre à moi a des côtés tentants et il me tarde d'y goûter pleinement. Il me faut avant tout vaincre ma peur, elle arrive sans crier gare et fait de moi une piseuse. Je me suis entichée de mon précieux, tout autant que je le crains. Quand "hyde" m'appelle ou me cause du haut de sa grandeur, je rampe. Il suffit qu'il s'assoit pour que "Hyde" devienne "Jenkyll". Je me précipite alors pour fêter son retour. C'est auprès de lui que j'ai découvert de quoi compenser mon travers, les caresses ! Depuis, dés que mon précieux perd de sa hauteur, je le harcèle pour obtenir ses bienfaits. Le truc s'est de feuler d'une voix rauque crescendo, l'effet séduction opère et là, je mets la touche finale, decrescendo j'entame une mélopée plaintive. Enfin j'accède au seul endroit où je suis bien, ses genoux. Avec son binôme, tout est plus simple. Elle ne me met pas la rate au court bouillon et même qu'une fois, alléchée par une odeur envoutante et inconnnue de moi. J'ai quitté mon panier pour faire un voyage périlleux...jusqu'à la cuisine, où j'ai montré ma truffe frémissante. Comme elle n'a fait aucun commentaire, je me suis glissée sous la table. Je l'ai vu déposer dans ma gamelle une cuillère de potimmarron...Ce fut le début d'une grande amitié entre elle, les soupes et moi.

1314

1516

1819

Pas moyen d'avoir un peu de tranquillité pour des causeries avec vous. Voilà qu'on m'extirpe de mes appartements. Cette délivrance dont je n'ai nul besoin ne présage rien de bon. Me demander au pied levé de faire une visite des lieux est un peu cavalier. Quelle chance, il y a juste à côté un parterre de fleurs appétissantes et parfumées de quoi me faire un panier végétal pour y reposer mon fondement, et par la même occasion de me repoudrer le nez pour être présentable. On ne peut pas nier que c'est beau. Ça laisse même rêveur et je ne serais pas surprise d'être en communion de pensée avec mon précieux : "Quand est-ce qu'on mange ?!"

21DSC07053

2223

23BIS25

Cette question est restée sans écho. En attendant, je suis encore et toujours au bout d'une laisse qui s'attache à moi depuis trois ans déjà et dont je rêve de me défaire. Je n'ai connu que ce petit fil, façon "noeud coulant" pendu à mon cou, pour le redresser et me donner un port altier. C'était un signal pour parader, trotter, défiler au pas ET finir par tourner en rond. Tout ça pourquoi ? je vous le demande...pour se fait tripoter un peu partout par des inconnus. Aprés le boulot, j'étais toujours ravie de retrouver ma cage pour m'évader pendant que d'autres prennaient le relais, pour tenter de me ravir ma médaille dont mon éleveur est friand. Un jour je serais indépendante ! mais pas tout de suite, une vache m'attend au tournant. Pour m'éviter une erreur fatale, y m'ont "mis à pied" dans mon sac, au dos de la vieille, pour que je puisse suivre des yeux mon précieux qui marche devant et nous guide. Comme je me penchais dangereusement pour ne pas le perdre de vue, à son tour, il m'a pris sur son dos. Je pouvais enfin dormir tranquille le sachant contre moi. Soudain, j'ai réalisé que j'avais perdu mon distributeur de fromage, mon bruit de fond. Alors j'ai fait demi-tour... dans ma studette, manque de chance c'était un cul de sac. Pas de fenêtre de ce côté là ! Je me retourne et me voilà boudinée, saucissonnée, coincée ! Ça m'a filé un méchant coup de suée. Mon précieux m'a secouru et ce ne fut pas une mince affaire, un vrai saccage. Aprés ce remue-ménage épuisant, nous avons repris la route. Mon aidant a suggéré au sac d'os de marcher en cadence à nos côtés (chacun son tour !) de façon à ce que je ne la perde pas de vue et que je sois rassurée. C'était judicieux et surtout réjouissant : elle n'aurait pas fait long feu sur les tapis rouges, aucun pedigree ! Mais qu'est ce qu'elle râle !! Faudra que je lui montre comment faire pour que ce soit productif, il faut maitriser le crescendo et decrescendo...

2026

2728

2930

La radoteuse nous a laché, lasse de jouer les faire-valoir. Elle est partie à la chasse aux papillons, ils se posent sur sa main ou son sac mais jamais devant l'objectif. Les abeilles viennent même attérrir, juste à côté du viseur devant son oeil grand ouvert, pour la narguer. Déçue mais volubile, elle est revenue perturber notre repas et le réduire à trois portions congrues. A peine rassasiée, elle a voulu nous embarquer de haut en bas et de bas en haut. Elle a fait fi de notre manque d'enthousiasme. Fort heureusement, des siffleux ont fait entendre leur cri puissant et elle s'est désinteressée de nous. Le sifflement admiratif des marmottes l'a mise en joie, pleine d'illusions. Je n'ai pas voulu la détromper, c'était un hommage rendu à ma seule beauté. Nous l'avons laissé repartir se pavaner plus loin, soulagés. Il a fallu changer notre camp de base deux fois, une à cause d'une averse et l'autre pour suivre l'évolution d'un gros bourdon jaune dans le ciel. Étant affaiblie par un trop peu de calories et un excés de chaleur orageuse, j'ai entamé une sieste royale sur mon "fauteuil" pendant que mon précieux faisait la vigie, veillant sur mon sommeil.

3132

3234

3536

3338

3924

Le soir venu, mes aidants m'ont invité à partager un ptit digestif qui m'a chatouillé la langue. Les yeux embrumés de sommeil, j'ai songé à cette vache qui m'attendait toujours, alors que la nuit tombait. Ce souvenir m'en a rappelé un autre. Quand mes aidants sont venus me chercher chez mon éleveur, je n'avais rien demandé et pour cause. Pas un seul instant, je n'avais envisagé que ma vie puisse prendre une autre tournure. J'étais résignée à ce pourquoi j'étais faite : génitrice. Mon éleveur m'a cédé contre espèces sonnantes et trébuchantes, parce que je le vaux bien. Il a eu une riche idée. J'ignore à quel destin je suis promise mais ça me rend curieuse. Ce dont je suis sûre, c'est que ces deux-là, je me les garde, j'ai opté pour une adoption pleine et entière.

 

"Respirer pour vivre est un travail de longue haleine"

25 août 2022

"caliner son chien est préférable à caresser l'idée, surtout quand elle n'a ni queue ni tête"

 

"Tout ce qui entre par une oreille ressort par l'autre, tout ce qui va droit au coeur y demeure"

13

Me voici de retour pour vous conter ma première journée de vacances au paradis. Cette nuit, l'orage a grondé je ne sais qui. Comme ce n'était pas moi, j'ai dormi du sommeil du juste. Au matin, fidèle au poste derrière la porte de notre "cagibi" j'ai patiemment attendu de retrouver le bon goût des croûtes de fromage pour mon petit déjeuner et accessoirement, les porteurs de ces délicieuses nouvelles. Cet avant-goût du bonheur ingurgité vite fait, me voilà prête pour un voyage sur mon balcon...tout trempé ! Mes yeux, implorants l'arrivée du soleil, sont levés vers le ciel en pure perte, je me vois opposer un veto. Son refus de sympathiser m'enclin à me recoucher jusqu'au prochain repas et j'y vais de ce pas. C'était sans compter l'obsession de mes deux pattes à marcher envers et contre tout. Je pensais pourtant avoir été clair. Pendant que je ruminais ma phobie de la marche, couchée dans mon petit panier, je suis passée de ma "vouâture" à un téléphérique. Je dois dire que j'ai beaucoup aimé ce voyage, assise dans ce ptit ascenseur tout vitré. Il me balade mieux encore que mon sac d'os quand je suis sur son dos. On flotte entre ciel et terre tout en prenant la fille de l'air. La vieille fait grise mine et ne détonne pas dans le tableau. Elle me montre les laitières en contrebas qui m'attendent au tournant. J'ai hâte, leurs tétines sont intarissables parait-il. Du lait en veux-tu en voilà et non écrémé ! Enfin une bonne nouvelle qui n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde.

24

 

 

7

DSC06869

 

 

5DSC06857

L'humidité m'a saisi au sortir de mon ascenseur volant. Demi-tour! Refaisons quelques allers-retours dans les nuages en attendant le beau temps. Mon précieux tire sur ma laisse en rappel et c'est à son pied que je suis tenue d'assister à leur harnachement fastidieux qui me laisse de glace. Nous avons débarqué au pays d'Ellmi, une grenouille presque aussi grosse que le boeuf aperçu pendant ma balade dans les airs. Cette enflure gonflée d'importance, raconte à tout va qu'elle est magique. A ce compte là, moi aussi et j'ai même deux lutins qui m'accompagnent ! En entrant dans les bois, un hibou nommé Wally commence à nous raconter sa vie, posté sur la plus haute branche. Je suis déjà à l'écoute de mes aidants, ce qui me demande une patience infinie, alors je ne vais perdre mon temps à écouter une vieille chouette. La forêt se met à couvert sous le brouillard et c'est tant mieux. Les êtres patibulaires que j'avais entrevus, se sont enfin dérobés à ma vue. Mais des bruits étranges, des jets d'eau fusant sur mon passage me font presque regretter de ne pas mieux distinguer le danger. J'aurais mieux fait de me taire, mon voeu est exaucé. Devant nous, l'arbre aux trophés d'un sorcier dévoile des godillots disparates en suspens, seuls vestiges d'aventureux deux pattes évanouis dans la nature. Courage, fuyons ! Plus morte que vive, je quémande aussitôt auprés de mes aidants, asile et protection, les exhortant d'un coup de museau à dégager le plancher au plus vite.

910

11

11bis

Enfin sortie de cette comté, je reprends goût à la vie toujours blottie dans mon sac à dos. Seule ma truffe en mode radar met le nez dehors pour prendre la température extérieure. Mon palpitant voudrait battre en sourdine au rythme des plaisirs de ma nouvelle existence. Au lieu de ça, il bat la chamade devant tout ce qui lui est inconnu et m'emprisonne. Je voudrais être sans coeur ou bien l'échanger contre une deuxième estomac. Une fois la certitude d'être hors de danger, je quitte ma demeure pour les genoux de mon précieux qui m'offre l'hospitalité. Cette petite pause est réconfortante, propice à la rêverie, ma préférence à moi. La montagne s'accapare les nuages en partance pour jouer avec au houla hoop. Elle s'amuse à nos dépens et semble y prendre goût. Au loin, se déroule un étrange manège. Des ombres fantasmagoriques creusent un immense trou pour recueillir le trop plein d'eau de la montagne. Ellmi surveille les avancées des travaux avec impatience, attendant peut-être d'y piquer une tête. Un bâteau s'est ammarré en terre ferme attendant lui aussi de prendre le large. Deux requins qui n'ont plus que les dents du fond qui baignent, vivotent et se meurent dans une mare sans canards. Les émotions ça creuse, comme quoi tout n'est pas négatif, ne perdons pas de vue notre vie ici-bas en attendant l'au-delà. 

 

131214

1518

16Mo29

Presque sans que l'on s'en aperçoive, le brouillard perd du terrain. Mon maître et moi...sa précieuse cargaison,  allons sereinement d'un banc à un autre avec l'embarras du choix, mais toujours le ventre creux ! Nous regardons ensemble dans la même direction, encore faut-il que la vieille ne nous bouche pas notre horizon commun. Elle me caresse distraitement la tête, espérant faire de moi un chien savant. Dans le même temps, elle m'abreuve de mots et ces mots deviennent des questions. Une, deux, trois et déjà la première est oubliée en admettant que j'ai pu la comprendre. De toute évidence, son massage n'a pas eu l'effet escompté. Heureusement pour moi, j'ai l'ouverture d'esprit suffisant pour vivre sans comprenette. Pendant que les questions sans réponse se reposent, je m'interroge : "Quand est-ce qu'on mange ?". Même cette question bien posée et bien comprise reste sans écho. Logique, mon précieux dort les yeux grands ouverts pour ne pas se faire repérer et mon sac d'os est déjà repartie ennuyer quelqu'un d'autre... On n'est pas rendu, c'est moi qui vous le dit.

1921

2217

Je viens à peine d'adopter la vieille et il me faut déjà l'avoir à l'oeil. Elle me fait des infidélités, soi-disant qu'il y a juste à côté un ptit jardin plein de poésie qu'elle veut prendre en photos. A peine sur place, la voilà cueillie au milieu des fleurs par des gnomes aux tronches de cake et l'envie me tenaille de n'en faire qu'une bouchée. Surtout qu'il me nargue tour à tour à m'en faire tourner la tête. Le paysage s'enlaidit de leur présence. Je presse alors mon précieux de changer d'horizon, non sans répondre à l'un de ses lilliputiens qui me tire la langue. Quelques bancs accueillants face à une pipe en bois nous offre un panorama fantastique. La vieille va trés vite réaliser qu'elle peut nous perdre et reviendra dans notre giron. Quand a moi, j'ai fait mon choix et suis assise sur ce que j'ai de plus précieux, à bon entendeur, salut ! C'est alors que la voix d'outre-tombe se rappelle à mon bon souvenir :"Fais gaffe !" dit-elle "la mise au régime te guette, si tu veux aller loin sans trop d'effort ménage ta monture" De suite, je rassure mon ange gardien "Mon ptit cagibi portable est costaud. Je me ménage en économisant mes quatre pattes au maximum et stocke du gras pour les coups durs". Ma bonne étoile me lance un étrange avertissement un tantinet moqueur : "Attention, ta monture rapplique !" exact ! La tête de mule est derrière moi et me jauge, elle semble peser le pour et le contre. "Encore assise Lolotte, va falloir se bouger le popotin ma louloute". J'ai immédiatement perçu au son de sa voix une petite contrariété, mais laquelle ? Le bref échange qui promettait d'être instructif, court-circuité par mon enquiquineuse, me fait réaliser que je n'ai pas encore fini mon initiation, certaines subtilités échappent encore à ma compréhension.

2720

2426

Une idée fixe a détourné la vieille de son jardin poétique, je suis dans sa ligne de mire. Elle veut que je prenne la pose, assise sur la pipe en bois, en souvenir de qui vous savez. Pas question ! j'aime trop mon confort pour partager cette place déjà prise... Ha non, plus maintenant ! Mon conseilleur a pris la poudre d'escampette sans crier gare, me laissant avec moultes questions sans réponse. C'est fort dommage, J'aurais aimé en savoir plus sur ce régime qui me pend au nez, d'aprés lui. Aurais-je le choix ? Végétarien ? Frugivore ? Parce que voyez vous, je me suis découvert une passion pour le miel et les légumes et j'accepterais bien volontiers cet extra en rajout à mon ordinaire. La vieille, toujours face à mon refus de jouer la remplaçante, m'agace de sa petite voix de guimauve dont je n'ai que faire. J'ai moi aussi un objectif et pas des moindres ! Mon instinct me commande de ne pas perdre mon précieux de vue, il a lui aussi, un compte à rebours dans son estomac. La vieille grimace à l'idée de se gaver. Sa préférence à elle, c'est le piquenique. Par chance, le ciel répond enfin à ma prière de ce matin, qu'il n'a visiblement pas compris, mais c'est tant mieux ! La pluie refait son apparition et coupe court à tout prêchi-prêcha. On me pousse au popotin pour que j'entre vite fait dans mon attique, je n'oppose aucune résistance, songeant avec délectation que mon précieux partagera avec moi la soupe et le pain, bien à l'abri. Il est question d'une goulash soup qui ne m'évoque pas grand chose. J'ai grande confiance en mon aidant qui sait s'attabler comme personne, jamais de reste, sauf pour moi, nous oeuvrons ensemble contre le gaspillage et pour le bien de la planète.

2528

La vieille me fait tourner en bourrique. Elle me tanne pour que j'utilise, pire encore, que j'use mes coussinets. Je freine des quatre fers pour répondre à sa demande. Aprés avoir fait mon devoir de mauvaise grâce, je vous l'accorde, je regagne mon chez moi haut perché... La vieille peste toujours "plein le dos de la dondon" qu'elle dit ! Voilà qu'elle m'affuble de tout un tas de petits noms : "Dondon" "ptit tonneau" "Bouddha"... Elle peut toujours courir, je suis dur de la feuille. Je ne changerais pas de prénom, Lolotte un point c'est tout ! Tant pis pour ses idées fixes. Et pis, j'peux pas gérer deux choses en même temps !

8DSC06874

"les idées fixes sont les icebergs de l'esprit on s'y fracassent le crâne"

 

 

24 juillet 2022

"Il n'y a rien de plus attachant que la liberté"

 

« Tout vient à point à qui sait bien attendre ce qui l'attend au tournant...et qui lui pend au nez sans savoir d'où ça vient »

 

Je m'voyais déjà dame de compagnie pour deux pattes, vieux et de préférence sur la pente descendante, condition indispensable pour recouvrer ma liberté, vite fait, bien fait. Mais je suis tombée sur des jeunes vieux, coriaces et compliqués. Ce job ne me sied guère finalement. Il est à double tranchant et vient de se retourner contre moi. Me voilà à nouveau sans emploi et affublée de deux "aidants", c'est un comble ! Pendant que je desespèrais à faire avancer le schmilblick, toujours incompréhensible, mon horizon s'est éclairci. Un beau jour ou étais-ce une nuit, réparatrice dans mon cagibi, j'ai enfin eu une révélation. Une petite voix m'a dit que j'étais attendue avec impatience pour répandre la bonne parole, celle des teckels, what else ! J'ai à charge de vous distraire et vous balader dans mon univers, en somme me voilà dotée du titre trés convoité de bon apôtre. Rien ne m'échappe depuis ce jour, je sais par exemple, de source sûre, que vous ne me mettez pas la pression...mais quand même !

DSC04939DSC05107

DSC04940

DSC05097

Je vous sens déjà plein d'inquiétude à mon sujet... Moi aussi ! je marche sur des oeufs et c'est pas du gâteau. J'explique : exit, Pénélope. Ce prénom ne m'a jamais caressé dans le sens du poil, ce n'est pas maintenant que je vais l'adopter. Mes aidants m'en ont rebattu les oreilles sans que jamais, pas même d'un battement de cils, je ne leur donne mon approbation. Finalement nous sommes tombés d'accord pour Lolotte. Charlotte, c'est ma tenue de sortie. Je suis toujours en stand by, comme au premier jour. Mes deux paniers gris et rouge avec mes joujoux sont mes seuls havres de paix. Un mouillage sûr où je peux m'amarrer et étudier mes nouveaux "patrons". Impossible de savoir ce qu'ils attendent de moi. Contents ou pas ? Allez savoir ! Petit à petit, je les ai reniflé, envisagé, j'ai même fait quelques tentatives d'avancées en terrain "ennemi". Un, deux ou peut-être trois mètres, mais l'homme m'a repéré et j'ai battu en retraite. Forcément, dans le doute je balise et me mets en veilleuse. Ce jour-là, en une enjambée, le géant s'est penché sur moi. Aussitôt, je me suis aplatie, la queue basse entre mes pattes et j'ai attendu... Il m'a pris dans ses bras puis sur ses genoux et m'a papouillé les oreilles, de suite mes paupières ont fait baisser mes yeux, pour faire de ce moment un intemporel. Depuis, chaque fois que l'homme s'assoit dans son fauteuil, je quitte courageusement mon panier, un ou deux mètres pas plus, pour me coller discrétement à ses pieds. Un peu apeurée, je guette une approbation et l'obole de quelques caresses dont je suis devenue dépendante...Il est maintenant mon "précieux" depuis que ses genoux sont devenus miens. La deuxième pièce où il me dépose régulièrement, c'est la cuisine. J'y bois, j'y mange avec ou sans eux et je me cache sous la table jusqu'à ce qu'il me rapatrie dans mon panier. Hormis ces deux impératifs, impossible de m'attirer hors de mon antre. Ni gourmandises, ni flatteries n'ont eu raison de mon obstination. Mais depuis mon retour de vacances, nous sommes tout de même en nette progression, enfin je trouve... Maintenant ils m'expulsent de mon panier apaisant, comme on démoule un muffin et me donne une tapette sur ma tête. c'est le signal... auquel je réponds au quart de tour en courant comme une dératée vers la cuisine idem pour le retour. Quoiqu'il m'arrive encore de perdre la tête et régresser, nobody's perfect !

DSC05110MoyenneDSC05117

Et puis, il y a le binôme de mon précieux qui sussurre mon nom de sa voix douce. C'est une sorte de fil-de-fer un peu rouillé, qui lorsqu'il se penche sur moi, grince un peu. Je suis des yeux son lent redressement, avec la crainte d'être obligée de partager mon panier, en cas d'échec. Elle smack mes oreilles et caresse mon bidon, puis me couche contre son ventre tout creux pour qu'on zieute Facedebouc. C'est beaucoup plus confortable que ses genoux cagneux. Parfois, elle insiste pour jouer avec moi et mes poêt-poêt. Je fais mine de rien, en attendant de voir ce qu'en pense mon précieux. Qu'il tourne le dos ou qu'il s'absente et de suite je réponds présente...un ou deux mètres hors du panier pour reprendre mes biens et j'y retourne fissa. Dans ma vie d'avant, je pouvais faire mes besoins où et quand je voulais. Mais maintenant ça me pose un problème. A mon avis, le mieux, c'est de faire son pipi et comme ça mes aidants comprendront de suite que j'ai besoin, non ?! Mais mon précieux ne l'entend pas de cette oreille, alors j'ai essayé deux ou trois autres fois de lui "réexpliquer" mon envie. Il a enfin été clair à ce sujet : pas de ça chez lui et m'a montré la porte. Je veux bien, mais je ne sais toujours pas comment demander...Pour l'instant je prends l'ascenseur sans problème, mais toujours accompagnée, pour faire mes pipis au jardin privatif au moins 5 fois par jour. Ce n'est pas synchronisé avec mes envies mais avec des probabilités... Le premier soir de mon arrivée, son binôme, devenu le mien, m'a réconforté en me dégottant une chambre rien que pour moi au calme. C'est un joli cagibi, avec une table pour mon toilettage, mes petites affaires : dentifrice, shampoing, serviette de bain, gamelle, friandises et une armoire à provisions en hauteur. La nuit venue, le "sac d'os" m'a portée à même mon panier gris, jusqu'à ma chambrette où mon couchage rouge et mes joujoux m'attendaient patiemment. En m'y déposant avec des bisous, des caresses et une croquette, elle a dit : bonne nuit Lolotte, sois sage et la porte s'est refermée.Tout était calme et cosy, le bruit de la ville s'est évanoui et j'ai dormi comme un loir.

DSC05052DSC05478

DSC05483DSC08697

Pendant ce mois d'immersion, malgré la régularité imposée de mes sorties hygièniques, j'ai un peu cafouillé et suis retombée dans mes travers d'antan, pipi aprés avoir bu, pendant que mon précieux me tournait le dos, occupé à cuisiner. Evidemment, il en a fait tout un plat et nous avons rompu le lien affectueux et prometteur d'une relation à peine esquissée. Toutefois, l'homme est revenu vers moi, avec un cadeau de réconciliation pour une piseuse m'a t-il dit, tout en me dévoilant fièrement son offrande. Maintenant, je porte la culotte dans cette maison avec assurance et sans faillir, même si elle me corsète un peu trop. Nous avons aussi exploré la ville, pleine de shreks, de minions et autres ONI*. Je n'ai pas eu un moment de répit, seul mon panier rouge clignotait comme une urgence dans ma petite tête, pendant que j'accumulais des infos et du stress pêle-mêle. A mon grand soulagement, il y a eu des plages de détente pour me recentrer, dont une pause réconfortante et ombragée à l'Orangerie, sur les genoux de mon précieux. Son sens de l'observation en mode contemplatif à fait plus que me séduire, j'ai pris une option sur les prochaines séances. Je n'étais malheureusement pas au bout de mes peines. "Encore un matin qui cherche et qui doute.." fredonne encore à mon oreille, comme le jour où mes aidants m'ont proposé de visiter Durbach, pour disaient-ils, randonner. Une énième étape de mon immersion dont je n'ai pas compris le principe. Il a fallu marcher comme jamais, tout ça pour finir sur un banc et bouffer mes croquettes... "paniéoùté" ? "paniéoùté" ?

Capture d’écran du 2022-05-27 21-16-27DSC05454

Les premiers quinze jours de ma nouvelle vie, je m'éveillais comme si je venais de sortir du ventre de ma mère, sans rien reconnaître autour de moi. Tous les matins c'était la même histoire et il me fallait un bon quart d'heure pour remettre les pendules à l'heure. "Nous voilà bien, on a tiré le bon numéro" mon précieux semblait content de mes efforts. C'est nanti de ses encouragements, que je prenais tout doucement mes marques dans ce nouveau monde où je venais de débarquer depuis trente jours déjà. Puis une inquiétante effervescence m'a mis la puce à l'oreille. Deux valises, chacune la gueule ouverte, attendaient je ne sais quoi, tout prés de "mon" fauteuil et mes paniers. Je me suis fait toute petite pour qu'on m'oublie. Une fois les deux voraces rassassiées, leurs gueules s'est refermées pour ne plus l'ouvrir et me laisser enfin reprendre le cours de ma vie. Au matin, je me suis retrouvée cernée de toutes parts dans la vouâture, il ne restait plus qu'une chtite place pour moi et mon panier. J'ai tout d'abord imaginé qu'ils allaient me ramener d'où je venais. N'ayant plus la capaciter à participer au vaste projet de surpopulation, même de stars, j'ai été estampillé "bon pour la planète". Ce sésame ne m'ouvrira même pas les portes de mon ancien chenil pour y dormir. À un moment donné dans la vie, il faut savoir être fataliste. Je suis trés douée pour ça, d'ailleurs mon précieux dit de moi que j'ai un côté Rantanplan, grand maître à penser, comme moi. Pavlov lui doit beaucoup notamment des réflexes qui ont conditionné sa vie. Aprés sept heures de route, mon esprit frais et dispo se tenait prêt à toutes eventualités.

DSC07289DSC07057

 

DSC08672DSC08682

Nous avons changé de crémerie ! Tous les matins, un merle et sa chorale de piafs me réveillent dés 4 heures, même le coq sort ébouriffé et vexé en caquetant qu'il est en retard. Je m'étire avec délice, en regardant mes vieux encore ensommeillés. Je partage avec eux et bien volontiers mon nouveau cagibi. La montagne n'a pas encore soulevé son manteau de nuit, elle est toute embrumée. Aprés ma sortie pipi, mes vieux s'en vont. Je retourne me coucher en attendant que le soleil chauffe le balcon qui m'aguiche et réveille en moi l'aventurière. Je hume des odeurs de petit déjeuner et mon imagination galope, il souffle ici comme un vent de liberté. Les voilà de retour avec dans un petit mouchoir de bienvenu, du jambon et des ptits bouts de fromages variés. Je sens que la vie ici va être douce pour moi. Mon précieux en verve se moque de moi et mon binome, il parait qu'on a toutes les deux un gros pif et ben on n'a pas besoin d'autres choses pour renifler les fleurs, la crème et les enquiquineurs. C'était trop beau pour être vrai. Ils ont tout gâché en sortant les sacs à dos. Heureusement, je vous l'apprends peut-être, l'Autriche a deux langues officielles : l'allemand et la langue des signes. J'ai bon espoir de me faire enfin comprendre dés mes premiers pas au paradis de Charly, qui est maintenant le mien. L'oeil affûté, je n'ai pas laissé passer l'occasion de divertir mon gros pif sur un parterre fleuri, odorant et accueillant et même de m'y vautrer. Une gestuelle d'une grande clarté, mettant en évidence mon refus de collaborer à un jeu de piste inutile. Nul besoin de traduction. J'oubliais ceux dont la vue baisse, désolée" ! J'ai "dit" : marcher ? Même pas en rêve !                                                                                           

DSC08900DSC08774

DSC08282MoyenneDSC06200

 

DSC08288DSC07201

« L’immobilisme est en marche et rien ne peut l’arrêter. »

 

*ONI : Objet non identifié

 

27 mai 2022

"Je pense que je suis un cadeau, mais je m'emballe peut-être !"

 

"Quand on croit qu'on a tout compris en un clin d'oeil tout change"

 

On m’appelle Pénélope mais je ne vais pas faire tapisserie toute ma vie ! J’ai entamé toute jeune une carrière prestigieuse et fulgurante de « mère porteuse » brutalement interrompue pour cause de césarienne et me voilà déjà star déchue, mise à la retraite avant l’âge. Je termine l’éducation de ma dernière portée, tous des mâles de haute lignée, au fin d’un placement à leur hauteur et tente de trouver quelque repos histoire d’envisager à tête reposée mon devenir.

Capture d’écran du 2022-05-24 20-23-37

Capture d’écran du 2022-05-24 20-21-21

Capture d’écran du 2022-05-24 20-22-51

DSC04927DSC04929

Mais curieusement alors que je somnolais non pas sur mes deux oreilles, mais sur une seule, l’autre se tendait irrésistiblement vers un murmure lancinant « ils arrivent, ils arrivent... » J’avais beau changer de côté, me gratter l’oreille avec énergie, mais pas moyen de changer de disque. Cette petite voix venue pour perturber toutes élaborations de projet d’avenir ne m’a pas laissé le choix, je lui ai prêté l’oreille.

Elle me fait miroiter une retraite dorée chez des vieux, qui ne devraient pas tarder à pointer le bout de leur nez. Je n’y ai pas prêté toute mon attention, les promesses n’engagent que ceux qui y croient et je fais partie des sceptiques ! Mais ce bla-bla incessant, version conte de fée a fini par me plaire et j’ai laissé cet intrus squatter ma petite tête de teckel à l’insu de mon plein gré. J’ai fait un pacte avec une voix d’outre-tombe et je me demande si ma mise à la retraite n’est pas finalement méritée. Il ne me reste plus qu’à faire preuve de patience et espérer que ce ne soit pas un mirage. En attendant j’échafaude des plans sur la comète, ça ne peut pas faire de mal. J’imagine mon nouveau job de «Dame de compagnie » pour vieux sur deux pattes. Si je veux avoir la « tête de l’emploi » Je ne peux pas me présenter sous mon vrai patronyme, celle d’une habituée des podiums au nom de scène inoubliable : Pénélope Cruz de l’Abbaye Sainte-Marie. Il serait peut-être judicieux de prendre un pseudonyme, quelque chose de gourmand, un brin germain comme les teckels et qui sonne bien...

DSC05433DSC05466

 DSC05439

 

 

DSC05458DSC05453

 

 

Ça tombe bien, me dit la voix, j’étais sûr qu’on serait fait pour s’entendre, je cherchais quelqu’un qui puisse me succéder sans me faire de l’ombre ni me plonger dans l’oubli et j’ai pensé qu’une version féminine de moi, serait le plus approprié, « Charlotte » t’irait comme un gant ! Au fait j’me présente je m’appelle Charly, t’inquiètes pas totoche on est du même monde, moi c’est : Du Tirso de Molina ! A ce moment précis, la porte de chez mon manager s’est grande ouverte pour faire place à deux vieux enthousiasmés qui m’ont couvert de caresses ponctuées de Pénélope par ci, Pénélope par là, auxquels je n’ai pas répondu, saisie de stupeur et tremblements! Une heure après j’étais à l’arrière de leur voiture dans un petit panier, pas bien rassurée finalement par l’ampleur de ma tâche, d’autant plus que la voix faisait la sourde oreille à toutes mes questions…

Grand chambardement, boucan d’enfer!! Je passe de la campagne avec mes amis teckels comme colocataires à une grande ville, trams, vélos, voitures, cris, des milliers de deux pattes entourant mes quatre miennes et des odeurs innombrables à répertorier, qui font que j’hésite à y faire mon pipi ! Des images qui défilent sans arrêt même dans mon sommeil. En débarquant dans l’antre de mes kidnappeurs, je me suis précipitée tête baissée dans la première pièce, il y avait là un panier et deux jouets que j’ai squatté pour ne plus les quitter. J’y ai établi mon quartier général, décidant, malgré un désaccord avec mes adoptants sur cette question en particulier, de faire mes besoins derrière le fauteuil. Pour toutes autres activités, y compris les repas, auxquelles ils voudraient me convier, il leur faudra me transporter en lieu et place, je ne ferais pas un pas de plus….

Capture d’écran du 2022-05-27 21-16-27

 

Et pis c'est tout !!

 

"Moins on se pose de questions, plus on y répond vite"