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CHARLY  dit  "ZIGOUIOUI"
30 août 2016

"Il est où le bonheur, il est où ? il est là le bonheur, il est là !"

"Eldoradin : qui n'accepte de partager avec personne son petit coin de paradis."

Mais pour vous mes amis, je fais une exception ! Ce matin direction le kitzbüheler Horn par l'Alpenhausstrasse ça ne se prononce pas, ça se déguste. Il fait frais et le regard bovin un peu incrédule des petites grises des Alpes me confirme que nous sommes les seuls à entrer sur leur territoire dés potron-minet. Des pourparlers sont à l'ordre du jour et concernent notre balade. Ce marchandage a lieu dans la voiture et nul doute qu'ils trouveront un accord une fois arrivés au parking. Je me réjouis de dégourdir mes pattes impatientes, les fourmis y ont élu domicile sans que j'y prenne garde, pendant ma journée de repos d'hier. Au fur et à mesure de notre ascension, nous croisons de gros nuages blancs qui ne respectent même pas la priorité ! Ils jouent à cache-cache sans nous, la truffe sur la vitre je les regarde avec envie.

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Un petit coulis frisquet me souffle sur la truffe et s'incruste alors que je m'extirpe de mon cocon douillet. Même pour un teckel, passer de 20 à 5 degrés demande d'être aguerri, un petit échauffement et il n'y paraîtra plus. Au bout d'une demi-heure à marcher au radar, je m'aperçois que mes vieux se comportent bizarrement. Mon pote me cherche un banc alors que je n'ai rien demandé, ce n'est pas de cette façon que je vais dégourdir mes pattes ! On finit par en choisir un. Aussitôt installés, alors que je faisais le guet, les vaches jusqu'alors dispersées un peu partout dans l'alpage, se regroupent en direction du virage, juste en contrebas de notre camp de base. Pendant que j'observais les manoeuvres d'approche des mammifères encore dans le lointain, j'en oubliais la protection rapprochée de mes vieux, trop tard !! Une petite dizaine de peaux de vache, en avant-garde, nous ont assiégé. Il n'y a pas d'issue, derrière nous c'est le vide. Il faut choisir l'affrontement ou la négociation !! Depuis quelques temps on nous parle de vaches-tueuses trés susceptibles qui ne supportent pas qu'on les regarde droit dans les yeux. Il parait qu'elles redeviennent sauvages dans les alpages et plus encore quand elles ont des petits. Du coup, je change de statut : de chien de compagnie je passe à prédateur. Courageux mais pas téméraire, j'ai gardé mes distances. Mais revenons à nos moutons ! Il semble qu'une solution s'offre à nous. La vieille veut emprunter un chemin un peu abrupt sur la gauche, il contourne le sommet du KitzBüheler Horn. Puis on descendra en douceur vers le Harschbichl pour nous restaurer. C'est un trait de génie, je suis partant ! Je me vois déjà là-bas l'estomac plein, tout au bonheur de ma petite sieste digestive, admirer la vue sur le sommet que nous avons quitté. Appâté par cette délicieuse idée, j'en oubliais la voiture garée là haut !! Le ciel s'assombrit pour moi, un court instant seulement, je réalise de suite qu'avec mon fidèle sherpa je pourrais gravir des montagnes. C'est un plan audacieux tout compte fait, on remontera par le chemin opposé à la descente, un peu plus long certes et nous prendrons les mugissantes à revers. Et voilà comment on gagne la bataille !! Mon pote est d'accord à condition  que je voyage dans ma studette, soi-disant que le terrain n'est pas approprié pour un bancal... de qui se moque t-on ? De plus, si le brouillard s'invite et persiste au point de perdre pied, on rebroussera chemin, avant que "l'accro au vide" ne prenne son envol !!

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On a progressé lentement, sur un sol humide et glissant. Comme de bien entendu, le brume est venue s'immiscer dans nos affaires. J'ai même eu l'impression que le vent tournait et que mon compère avait le vertige... Le décor est devenu fantomatique et inquiétant, adieu mon plan de bataille ! On a rebroussé chemin bon gré mal gré. De toutes manières, à l'aller j'étais le nez dans la bruine. Au retour, pas mieux, j'étais collé contre la paroi rocheuse et obligé de rentrer la tête, comme un escargot glissant dans sa coquille. Bravo l'harmonie des programmes !!

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On a regagné notre banc que personne n'était venu revendiquer. J'étais déçu de faire une 2ème journée de repos et ma maîtresse frustrée de cumuler les handicaps : deux éclopés, le brouillard et le vertige !! Le vieux va avoir du mal à rattraper le coup. Alors que j'allais reprendre la surveillance de mes ennemies potentielles, voilà soudain qu'elles battent en retraite sans avoir combattu. Les vaches ! Elles se tirent, cherchant secours et protection auprés de la chapelle, enfin une bonne nouvelle ! Pour m'amadouer et regagner mes faveurs, le chef me propose un en-cas propice à apaiser mon insatisfaction. Il faut dire qu'avec moi c'est facile... Mais ce sera plus mal aisé avec ma copine qui erre comme une âme en peine, contemplant alentour, le désastre blanc se rendre maître des lieux. Après avoir longuement réfléchi, tout en prenant des forces, le vieux suggère d'aller quelques centaines de mètres plus bas au jardin des fleurs alpines. Les nappes de brouillard font la queue, grimpe pour atteindre le sommet et se laissent glisser le long de l'autre versant. Fort bien ! Laissons les à leurs jeux d'hiver et rendons visite au printemps. Le regard de ma maîtresse s'illumine et d'un pas décidé nous partons vers une autre saison. Dans le soucis de lui être agréable, nous l'avons laissé seule avec ses fleurs. Comme mon ami et moi avons les mêmes goûts, on s'est installé à nouveau sur un banc face à la vallée. Un pèlerin solitaire surgi de nulle part est venu nous tenir compagnie, enfin surtout à moi, vu que l'ancêtre est plutôt taiseux !!

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Blasé par le bavardage et les papouilles du pèlerin je suis allé, moi aussi, saluer mes amis les fleurs, laissant ce voyageur au bon soin de mon vieux. Penché sur le délicat myosotis, je lui ai prêté une oreille attentive parce qu'il craint toujours qu'on ne l'oublie. D'autres beautés aux éclatantes couleurs m'entourent et se plaisent à parader dans leurs beaux atours. La renoncule, la primevère et la soldanelle m'accueillent. Puis le pavot,l'orchidée vanille et bien d'autres nous rejoignent. Chacune de raconter sa vie et combien d'efforts il a fallu pour rivaliser avec les étoiles ! Puis, à force, elles ont fini par se plaindre. Nous avons tant lutté pour capter un rayon de lumière, une chaude caresse du soleil alors que nos pieds se glaçaient dans le sol blanc. Nous avons affronté le brouillard taquin qui frôle et fait frissonner nos fragiles pétales. Puis bien souvent, on a subi les coups de milliers de gouttes d'eau qui vous font courber la tête. Pire encore, quand vient la nuit et le vent, nous avons désespéré d'une aube nouvelle. Quand, enfin le petit matin se montre, il faut encore attendre le soleil et des admirateurs pour s'ouvrir à nouveau et faire un coup d'éclat ! Las de ces jérémiades, je leur ai dit qu'ici elles étaient protégées et privilégiées, mais plus haut, leurs copines servaient de pâture à de redoutables prédateurs ! On est bien peu de chose m'a dit mon amie l'anémone...

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Elles ont fini par me faire perdre mon temps, moi qui n'est pas toute l'éternité. Levant la truffe au vent, j'aperçois de grosses volutes blanches cerner le banc de mon vieux. Le brouillard veut le chasser pour s'y installer et il y réussit ! Mon patron se dirige vers moi, nimbé d'une blanche lumière, on dirait qu'il glisse entre ciel et terre, épaté, je le suis du regard. Mais la voix un peu colère de ma copine me fait tourner la tête. Je l'entends, mais ne la vois pas. A peine un peu plus loin, quelques marches contournent un roc imposant et c'est là, que je la retrouve pour constater que, sur ce versant aussi, on a éteint la lumière ! Petit à petit, chaque fleur, les jolis bancs à rajouter dans ma collection, le chalet, le paysage tout entier est englouti dans un linceul blanc. 

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On a quand même réussi à se retrouver tous les trois. Sans même se concerter, décision fut prise de regagner le parking puisque nos projets tombent à l'eau l'un après l'autre. Finalement cette montagne qui promettait monts et merveilles a accouché d'une souris ! A la queue leu leu, on progresse sur le chemin. Soudain le voile se lève un court instant sur l'alpage et m'offre la confirmation de ce que je reniflais depuis un bon moment. En équilibre sur un rocher, à l'aplomb de la vallée, une vigie veille : c'est un beau pépère d'au moins mon poids, un rongeur au pelage brun. Le rideau se referme aussitôt sur ma découverte qui ne m'a pas détecté ! 

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Je suis en transe, mon instinct me dit "taïaut" ! Mais presque aussitôt je devine les silhouettes de jeunes inconscients au culot monstre. Ils sont persuadés de la protection du brouillard et de leurs sentinelles et jouent une partie endiablée qui me donne envie de me joindre à eux. La vieille a suivi mon regard et émerveillée comme moi, les observe se renifler les joues. Avant même que je ne me décide à prendre part à leurs jeux, elle m'attache ! Ça fait la deuxième fois qu'on me prend pour un prédateur. Je trouve ce verdict injustifié et hâtif, si elle me laissait faire, je pourrais lui prouver que mes intentions sont tout à fait amicales !! On progresse doucement et silencieusement et au fur et à mesure, on repére d'autres membres de la colonie qui se fondent dans le décor. Certains espérant se "soleiller" se dressent, comme une chandelle vers le ciel, quémandant qu'il s'ouvre pour chauffer leurs pistes. Ma frustration grandissait dans le même temps et à bout de patience j'ai commencé à geindre pour attirer leur attention. Je n'ai pas reçu leur invitation tant attendue, au contraire, l'une d'elles a tourné sa tête, poussé un cri strident et houps tout ce petit monde a disparu comme happé par les entrailles de la terre !

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On est reparti silencieusement, en direction du parking, encore sous le coup de cette merveilleuse représentation. J'étais un peu penaud et peiné à la fois. Mais d'un réflexe unanime, à la vue d'un banc, on s'est installé espérant sans trop y croire que le spectacle reprenne. Mon vieux a sorti les ponchos pour nous isoler du froid, ma copine m'a recouvert de ma couverture magique et on a fait un petit pique-nique improvisé. Nous étions face au vent et mes cousines avec qui j'ai beaucoup de points communs ; un beau pelage, la gourmandise, une vue basse mais le nez fin, n'ont plus voulu le montrer ! Il est vrai qu'avec un temps pareil, on serait tenté d'hiberner à nouveau. Enfin rassasié, on a goûté au silence dense et glacé, si lourd qu'il en devenait assourdissant. Pour calmer mon coeur qui bat la chamade, j'ai scruté le paysage sous la brume dansante au point de m'hypnotiser, ici l'écoulement du temps n'a plus cours. Une odeur de bête, autre que la notre, m'est apportée par le vent. Dans la pairie en pente douce, les sifleux, acteurs amateurs certes mais de talent, nous annoncent la reprise de la représentation. Le bonheur est dans le pré...

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Puisqu'en toutes choses il faut une fin, les marmottes outrées que l'on baillonne le silence, ont mis fin à leur exhibition en baissant le rideau. Lorsque que le grand voile blanc s'est relevé, nous avons aperçu, puis perçu plus bas, des prédateurs à deux pattes poussant des cris et brassant des mains et du bâton. Bref ils se se donnaient en spectacle, sans grand attrait celui là ! Nous avons plié bagages emportant avec nous ce moment enchanteur dont nous étions les témoins privilégiés. Puis enfin installés au chaud dans la voiture, moment simple mais de grand plaisir il faut bien le dire, le vieux s'est tourné vers nous, cherchant à nouveau une solution pour que notre frustration ne nous laisse pas abattus et mécontents. Mais ils nous a trouvé satisfaits et heureux, alors avec brio, il a mis une touche finale à ce moment de grâce en s'exclamant : "et si on allait manger des gâteaux ?" mon vieux a soudain disparu et j'ai retrouvé mon pote !!

 

"En route le mieux c’est de se perdre. Lorsqu’on s’égare, les projets font place aux surprises et c’est alors, alors seulement que le voyage commence"

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Commentaires
J
Waw trop joli,c'est magnifique.
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P
J'en tombe amoureux moi , très bel endroit
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N
ahhh Charly, encore une belle randonnée...
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A
un rêve, merci pour cette belle promenade, c'est comme si on y avait été.....
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