« J'étais né pour rester jeune et j'ai eu l'avantage de m'en apercevoir le jour où j'ai cessé de l'être. »
Et croyez moi, ça me fatigue ! Je m'étais fait à l'idée de patauger dans de la neige fondue et prendre quelques saucées à l'occasion. Mais plus que tout j'espérais me ressourcer au bon air frais de la montagne, la première journée de vacances m'a filé des suées dès l'ouverture du hayon ! J'ai accepté de poser, pour vous souhaiter la bienvenue à Seefeld à la seule condition d'être à l'ombre...
Les quinze derniers jours avant notre départ, la vieille a surveillé la fonte des neiges, jour après jour via internet, en se lamentant de la lenteur du processus. C'est en ronchonnant, pour ne pas changer, qu'elle a bouclé nos valises moitié hiver, moitié été, en espérant une mi-saison... Enfin sur place, le coeur en fête, elle s'extasie du bel été venu la saluer au sortir du véhicule, imaginant déjà le beau décor floral qui l'attend en haut du Gwandschkopf. Je me demande tout de même pourquoi le printemps n'a pas eu droit de cité cette année ! Voici donc ce que nous avons contemplé... l'année dernière ! J'avais omis de partager ce spectacle avec vous, voilà c'est chose faîte. Vous noterez que la période fut faste et favorable pour la plus grande joie de ma patronne, quand à moi, j'étais déjà en recherche d'un abri ombragé...
Mon pote veut se charger de l'intendance, ce qui me comble d'aise ! Pour que la patronne ne reste pas dans ses quilles, je l'ai emmené vers son paradis fleuri, ne faisant que mon devoir. Mon fessier bien au frais sur une longue plaque de neige, je me suis régalé de glace, tout en contemplant la ville en contrebas sous la férule du roi soleil. Sur un terrain jauni et glissant, la vieille n'a trouvé que des crocus sur le départ et quelques rares soldanelles, l'euphorie s'en est allée et lui a fané le visage. En suivant les primevères au long cou qui tentaient d'atteindre la crête, elle a fait une surprenante et nouvelle découverte. Le sourire retrouvé, elle mitraille à coeur joie des eaux miroitantes, lovées juste sous le sommet dans un magnifique écrin. les sapins regroupés en arc de cercle camouflent un lac artificiel qui ne se découvre qu'au dernier moment en longeant un barrière de bois. Ce jour là, paré de sommets enneigés, il nous a ébloui...
Pressant le pas, nous avons rejoint mon pote qui nous attendait pour faire le tour de l'Eibsee, c'est la journée des lacs !! Celui-ci s'est ancré sous le zugspitze qui prend le frais à plus de 2900 mètres en Bavière. Il nous faudra bien deux heures pour en faire le tour et à ce compte là, j'aime autant me surélever pour apprécier au mieux ses couleurs, l'émeraude à ma préférence. C'est mon jour de chance, mon pote a sollicité mon aide et me charge de surveiller l'ancêtre. Travail dans lequel j'excelle et du haut de ma position stratégique, je n'ai pas ménagé ma peine...Finalement, nous n'avons pas beaucoup marché, surtout moi, je vous l'accorde. Le chemin était barré pour cause de remise en état, revenus sur nos pas, j'en ai profité pour saluer deux bons amis. Deux frustrations dans une journée, s'en est trop pour ma patronne. Pour conjurer le sort, elle a voulu à tout prix faire cette balade en s'engageant sur le chemin par lequel nous aurions dû arriver, peine perdue....
Pour ne pas traîner avec nous "mauvaise humeur" le copain de ma vieille, nous avons fait un petit détour obligé à Garmisch-Partenkirchen chez le pâtissier Krönner, afin de nous débarrasser du rabat-joie et à nouveau tous les trois, nous nous sommes attablés pour un premier service...
Au retour, la vieille m'a passé en revue comme tous les soirs, tout en nous relatant avec force détails, les festivités prévues pour demain. Ça m'a coupé les pattes, j'ai alors planifié une version plus soft dans ma petite tête, pendant qu'elle oeuvrait sur ma carcasse. Hors de question d'avoir la patronne sur le dos toute la sainte journée, je ferais ce voyage découverte bien confortablement installé dans ma studette. L'ordre et l'organisation y'a qu'ça de vrai pour vous libérer l'esprit et je me suis endormi...
"On ne doit se résigner qu'au bonheur !"