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CHARLY  dit  "ZIGOUIOUI"
13 août 2016

"L'impondérable est ce qui vous pend au bout du nez."

 

"J'ai trop pensé pour daigner agir."
 

Les pattes bien ancrées dans le lit du ruisseau glacé, je laisse le soleil chauffer mon épine dorsale pour éviter la déperdition de chaleur. J'observe mon pote en face de moi, se reposer sous la caresse de l'astre du jour. La vieille a repris ses habitudes et mitraille à tout va, évidemment je reste sa cible préférée mais c'est le prix à payer pour qu'elle nous laisse rêvasser ! La chaleur se fait plus vive et à moins de plonger et rester en apnée, je ne peux y échapper. Je guette mon pote, espérant le voir faire l'effort de passer au banc suivant, légèrement ombragé, afin que je puisse me vautrer sur ses jambes, ce qui ferait mon bonheur ! La vieille, plus rapide que moi, vient lui tenir compagnie et bavarder, tout en faisant dorer ses guiboles. Il va falloir que je m'arme de patience !! Je pose mon cul dans l'eau, mes pattes sur la terre ferme, prêtant l'oreille à ce qui se dit. Mon instinct ne m'avait pas trompé, ça se confirme, c'est la journée de récupération pour mon copain, en gros un jour sur deux si tout va bien ! Du coup, je me couche sur le flanc, tranquille ! J'ai déjà fait cette balade autour du Pillersee, terrain plat et léger, très cool et pépère, y a donc pas urgence à décaniller dés maintenant ! Soudain mon vieux aperçoit au loin dans les hauteurs, une croix géante. Il montre une curiosité aussi grandissante que mon inquiétude ! La vieille saisit au vol cette option inespérée et lui assure que cette balade est prévue mais, ça dépend de son état !! Et voilà, emballez, c'est pesé !!

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On ne peut pas faire de projet avec la vieille, c'est toujours elle qui a le dernier mot ! Effectivement quand on est arrivé devant le téléphérique, on ne l'a plus entendu, un rien fébrile en attendant l'embarquement. Le télésiège nous happe et nous perdons pied ! Mon maître a rabattu la barre de protection devant nous et je me suis installé confortablement sur ses genoux pour admirer la vue. J'ai tourné la tête pour une vision panoramique et là, horreur !! En poussant un cri de frayeur je découvre à côté de moi, une horrible bonne femme au visage déformé et grimaçant, qui grinçait des dents. Passé le premier moment de frousse et de rejet, j'ai réalisé que c'était la vieille, qui s'acrochait tétanisée à son sac à dos comme à un parachute ! Étant un grand humaniste, je l'ai rassuré comme j'ai pu mais mon aide s'est avérée inefficace : ses yeux sont restés exorbités. Finalement son imitation du carlin que je croise souvent prés de chez moi était très réussie, c'était amusant et je n'ai pas boudé mon plaisir !!

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Enfin débarqués au sommet, la vieille reprend des couleurs et visage humain. J'adopte un train de sénateur pour cette promenade improvisée. Le petit sentier est étroit mais fort bien délimité. En montant faire la cour au soleil on s'est mis, plus encore, sous les feux de ses projecteurs. Déjà je n'en peux plus de son ardeur à me chauffer la couenne. Les pins même nains sont touffus et me cachent la vue. Bonne excuse pour regagner mes appartements et du même coup m'abriter du soleil, voilà une affaire rondement menée ! En fin de compte mes vieux ont plutôt flâné et moi aussi par la force des choses. Seul mon estomac psychorigide dont je suis l'esclave servile, ne cesse de grogner : l'heure, c'est l'heure ! oui mais quelle heure ?

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Un des avantages à fréquenter la vieille, c'est qu'elle a bon dos ! Il suffit que je prenne ma démarche chaloupée, tanguant soudain légèrement à droite et aussitôt elle me porte sans rechigner...enfin presque ! Nous voyageons, installés dos-à-dos, façon boudeuse. On arrive enfin à découvert et une fois encore, me voilà pénalisé. Je n'ai que la vue sur le sous-bois que je viens de quitter, tandis qu'elle admire un grandiose panorama à l'opposé. Je réclame avec insistance une escale et on me débarque avec, me semble-t-il, une pointe d'agacement. Dans la vallée, le joli village de Sankt Ulrich longe le Pillersee. Le lac lissé par la brûlure du soleil, miroite et me parle par intermittence. Je me rends compte alors qu'il est malgré tout plus judicieux de s'élever ne serait ce que pour profiter du petit coulis frais qui circule de-ci de-là. Ma patronne à raison, ne restons pas au ras des pâquerettes alors qu'ici l'on peut contempler les primevères et les raiponces. Leur senteur et leur goût est incomparable. Deux puis trois papillons farandolent et se courtisent non loin de ma truffe et me font loucher. Je m'ébroue, éternue et me retrouve au milieu des champignons dont les bords se sont retroussés pour montrer des dessus de dentelles et me tenter ! Le chapeau s'est creusé, puis posé délicatement en équilibre sur son pied. Dans ce petit calice on peut encore y goûter la rosée du matin. Je fonctionne un peu comme un diesel, au matin mon enthousiasme est limité, encore froid puis doucement je ronchonne par principe, bougonne par habitude puis finalement ronronne par plaisir ! D'une certaine façon, je me demande si la vieille n'a pas sa part d'utilité dans tout cela, car somme toute, sans le savoir elle me délivre de moi-même. Le plaisir est double parce que je ne me suis jamais vraiment perdu et lorsqu'arrive le soir, lové dans mon panier, je me retrouve !

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Dés que je me laisse attendrir, mon esprit vagabonde et s'emporte. La réalité s'évanouit, le seul fil conducteur qui me rattache à la terre ferme, c'est mon panel de parfums dans lequel il manque soudain celui de mes vieux, je ne les respire plus ! Je fonce comme un dératé, pour finalement les rater de peu, c'est un sifflement qui m'a stoppé net dans mon élan. Un rapide examen des lieux m'a permis de les découvrir allongés dans l'herbe ! Je ne me suis pas fait prier et pour être sûr qu'ils ne repartent pas sans moi, je me suis calé contre mon vieux pour le rejoindre au pays des songes. Quelques bruits insolites m'ont fait hausser les sourcils, trop ensommeillé pour ouvrir l'oeil, je me suis dit que mon chef de meute me tiendrait au courant ! Ça n'a pas tardé, la vieille qui revenait d'explorer les environs, s'est mise à bavarder toute seule, peut-être un peu envieuse de notre sieste majestueuse. On avait pourtant convenu que c'était la journée de repos des deux éclopés ! Mais en levant les yeux au ciel, j'ai aperçu deux gaillards suspendus au-dessus de nous qui réparaient pour l'hiver prochain, les lignes du télésiège !

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Il a fallu plier bagages à nouveau. Cette journée d'errance ne me convient pas du tout. Je sais bien que je voyage souvent à dos de sherpa, mais le nomadisme très peu pour moi. Autant je peux être un jeune chien plein de vitalité, autant quand il s'agit de survie, je peux prendre un coup de vieux et ressembler à un clebs sur le déclin ! Étrangement cette fois ça n'a pas marché, mon pote est passé à côté de moi sans un regard. Aurais-je un peu trop tiré sur la corde ? Il va falloir la jouer fine pour rattraper le coup. Au prix d'un effort considérable, j'ai pris les devants. La chance éclaire mon chemin et me guide droit sur un lac avec en option deux bancs, l'un avec vue sur l'eau bleu azur, l'autre sur la vallée ! C'est donc fièrement que j'ai rejoint mes compagnons pour les mener à cette troisième étape, de loin la plus jolie. Troisième station ! On s'installe, mon estomac et moi-même attendons vainement que l'on déballe le picnic, mon copain fait le mort et la vieille, la sourde oreille. En désespoir de cause, je me couche au milieu d'eux et ne dors que d'un oeil parce que jamais deux sans trois ! Je me console en regardant les nombreux itinéraires que nous aurions pu emprunter et dont je laisse volontiers à d'autres pèlerins, la primeur de la découverte. Je songe à cette fameuse croix géante, probablement une illusion d'optique qui a permis à ma maîtresse de nous traîner ici. Mon estomac et moi sommes en stand-by. L'oreille largement ouverte, étalée sur le banc, je suis aux aguets. Je capte, le souffle du vent, quelques insectes bourdonnants, une cloche dans le lointain, un beuglement qui fait frémir ma peau. Je m'assoupis à nouveau, quand soudain, je crois percevoir dans le lointain une note ou deux de musique portées par le vent. Elles s'éloignent et reviennent se glisser dans mon pavillon, jouant à cache-cache avec ma patience, hop ! Mon esgourde se referme pour emprisonner ces sons que j'analyse au plus vite. Je dois dire que parmi mes nombreux talents, j'ai l'oreille musicale ! Une excellente mémoire aussi qui me confirme que la musique est toujours accompagnée par le boire et le manger ! Je mets mon radar olfactif au boulot pendant que je relâche les deux notes d'accordéon auquel j'ai extorqué toutes les infos dont j'avais besoin ! Le retour est plus que prometteur : il y a une fête qui n'attend plus que nous ! Reste à me mettre sur mes quatre pattes histoire d'être plus rapide que mes vieux et en route mauvaise troupe !!

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On ne peut avoir raison à tous les coups, en suivant des effluves qui me mettent l'eau à la bouche, je reste un instant à l'arrêt, impressionné, une croix gigantesque surplombe la montagne et me jauge. Il était là comme un nez au milieu d'une figure et nous ne l'avions pas vu ! Il parait que c'est la maison de Jakob le vieux je ne le connais pas, mais la vieille tient absolument à lui rendre visite ! Il parait qu'il y a un peu partout des chemins qui portent son nom ils aboutissent tous au même endroit : Saint Jacques de Compostelle. les humains marchent des jours et des jours, pour finalement arriver trop tard, parce que le vieux monsieur à force d'attendre a rendu l'âme. Le pire dans cette affaire, si j'ai tout bien compris, c'est que les gens ne nourrissent que de mollusques pendant le trajet !  Hors de question que je me fasse avoir, je ne marche que pour une seule raison, la seule, l'unique, la vraie : remplir mon estomac de plaisir ! En attendant la vieille, on a patienté au premier étage. Mon pote m'a consolé en me prenant dans ses bras, lui aussi peu disposé à poursuivre l'aventure et nous avons contemplé de cette hauteur un repas tant mérité mais toujours inaccessible !

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 "Ceux qui ne savent pas où ils vont sont surpris d'arriver ailleurs."

 

 

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Commentaires
S
qu elle jolie ballade !et qu elle chaleur chez nous 32 ; cela commence a chauffer bises mon Charly
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N
salut Charly, toujours de belles péripéties, bon dimanche à toi et à tes 2 pattes !!
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