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CHARLY  dit  "ZIGOUIOUI"
21 août 2020

"Ne demande jamais ton chemin à celui qui le connaît, tu risquerais de ne pas t'égarer. "


 

"Il y a des jours avec et des jours sans. Et les jours sans il faut faire avec"

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Coincé entre les valises, sacs à dos et autres broutilles, me v’là somnolant sur le siège arrière pendant que mes deux vieux se relaient sur l’autoroute de mes vacances, enfin libre de toutes entraves. La France m’autorise à fuir, l'Allemagne me laisse passer le 15 et l’Autriche m’accueille le 16... Un souci de réglé en cache un autre. Le bien-vivre ensemble est, en soit, une belle aventure à laquelle je participe pour ma part depuis 13 ans déjà avec mes "deux en un" ! Mais il y a régulièrement, dans les rouages parfaitement huilés de notre équipage, un petit hic qui nous fait grincer des dents. Pendant les vacances, mes compagnons de voyage n’ont pas forcément les mêmes envies et les mêmes objectifs et sont alors obligés de marchander et parlementer. J’autorise ce type de débat parce que ça me berce et comme ça, si je ne les ai plus à l’oeil, je sais qu’ils sont toujours à mes côtés. Mais, je veille au grain et grogne au moindre ton au-dessus du décibel autorisé...par moi. Le connardvirus ayant réduit considérablement la durée de notre séjour au Tirol, nous sommes chacun, tenaillés par l’égoïste besoin d’assouvir nos envies avant celles des deux autres. Pour ma part et très modestement, je ne veux rien, stratégiquement tout s'offre donc à moi ! La vigilance reste de mise : “tout” ne doit pas être n’importe quoi... simplement le meilleur. Mes têtes de pioche, profitent souvent du trajet pour poser des jalons. Mon pote toujours pondéré, suggère fortement un temps d’adaptation à l’altitude et un échauffement tout en douceur, puisque nous sortons d’une léthargie ankylosante de 3 bons mois ! “Pas faux” lâche la vieille qui entend raison. Alors là, ça m’en bouche un coin ! Aussitôt je glisse ma bouille entre leurs deux sièges pour renifler leurs humeurs, mais les bougres se sont entendus pour le silence. Tout va se jouer sur le terrain, en attendant, moi aussi je fais le mort. Roulé en boule dans mon réduit, bercé par le tempo de mon coeur, je m'évade...

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Deux jours plus tard, toujours en palier à 800 mètres d’altitude, nous sommes enfin montés d’un cran. Au sortir de la vouâture, je n’ai pas reconnu les extérieurs. Un lac tout proche, du clair-obscur et pas un rayon de soleil qui darde sur ma couenne, voilà de quoi me rassurer. La patronne nous fait l'article : un chemin peinard, pas de cailloux ni de racines qui traînent et une montée en douceur pour atteindre au maximum 1100 mètres d’altitude. Garé au parking de Lippenalm, puis direction les alpages de Gwirchtalm, Scharzenbachtalm, Raineralm et retour via le restaurant nommé comme le parking, bref une jolie boucle de trois heures et demie de marche, une paille ! Évidemment ça ne vous parle pas plus qu’à moi, mais sur les panneaux jaunes de signalisation, j’ai bien reconnu le dessin d’un couteau et d’une fourchette à côté de tous ces gribouillis et je n’en demande pas plus ! Je piétine d'impatience, la vieille dans sa grande bonté d'âme, nous laisse le choix : à droite ou à gauche ? On s'en fout c'est une boucle ! A ce moment là, une ombre se pose sur le paysage, comme un moment d'égarement et aussitôt je songe à notre rituel. Au moins une fois par an, pendant notre séjour au Tirol, on se perd. Le plus souvent, ce regrettable incident a lieu lorsqu’on évoque une balade cool, reposante et celle-ci, je ne sais pourquoi, me semble convenir à la situation...

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Prudent, je préfère étudier la question du haut de mes appartements. Ça fait déjà un bon moment que nous sommes pris en chasse par le brouillard et je ne voudrais pas y passer toute la journée. Ma coquetterie dans l'oeil, ne m'empêche pas de voir les vaches en balade, le plus souvent en binôme. Compte tenu de ma haute position, je fais le guet alentour. J'entrevois soudain d'étranges silhouettes bicéphales trouant la brume. Je donne de grands coups dans le dos de la vieille pour l’avertir du danger. Je sais bien qu’il n’y a pas le feu au lac, mais il faudrait quand même se bouger le c.. ! Ça ne sert à rien, je bosse et tout le monde s'en fout. Je prends congé de la vieille et regagne la terre ferme qui ne l’est pas restée longtemps. Notre chemin a été allégrement piétiné et labouré et ne ressemble plus à rien. Les récentes pluies ont fini par flouter son tracé. Ho la vache ! On y a laissé quantité de sms, conversation que je ne goûte guère cette fois, mais qui me colle aux poils des oreilles comme des rumeurs nauséabondes. La vieille ne veut rien entendre et prend un air dégoûté. De temps en temps, à contrecoeur, elle me chope dans la foulée pour me faire franchir les passages les plus difficiles. Entre les bouses et la boue, j’ai peine à me frayer un chemin. Pour compliquer la chose, notre parcours devient pentu et de grosses pierres viennent s’y glisser. La vieille ne veut pas lever le pied, pressée d’en finir et surtout vexée que sa nouvelle balade ne se résume qu’à un bourbier malodorant. A ce rythme là on va se retrouver le nez dedans !

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Au bout d'un moment, bataillant entre son bâton indiscipliné et son appareil photo qui se proposait d'immortaliser ce fiasco, elle a commencé à perdre son centre de gravité. Mon pote, prévenant, lui tend son bras qu'elle refuse à plusieurs reprises. Je tente de lui opposer le même refus, quand elle m'impose de façon bien peu cavalière, son aide. Un petit vent perdu au milieu de nulle part, fait demi-tour et nous bouscule. Le temps tremble un instant et s'arrête. Coincé comme un polochon sous son bras droit, je sens notre "édifice" vaciller et v'lan je tombe par terre, c'est la faute à ma mère ! Rassurez vous, je vais bien, je me suis reniflé tout partout, pas une égratignure. Comment ? la vieille ? Attendez j'vais voir ! Elle est encore assise, le souffle un peu coupé, sur la pierre qui a réceptionné son fondement. De suite, compatissant, je me suis pensé, si la vieille ne peut plus marcher on va vivre l'enfer. J'encourage alors mon pote qui la relève et la passe en revue. A part son coude douloureux, elle est opérationnelle, tant mieux ! On a déjà assez à faire avec notre carte, une autre obstinée, qui contredit systématiquement ce que l'on voit. Dés que j'aurais remis ma troupe sur le droit chemin, la défraîchie pourra me reprendre à son bord. Je ne suis pas fan des émotions fortes, il faut dire que je suis entré dans l'âge canonique, mes années de handicap comptant double !! Ce qui me donne autorité pour accompagner mes chargés d'ans, dans l'âge d'or. Ça ne va pas être de tout repos, mes apprentis ne sont pas motivés du tout et vieillissent mal sans mon soutien...

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J'ai couru à gauche et à droite un bon moment, cherchant avec mon pote ce nom de Dieu de chemin. Après un long conciliabule qui nous a mutuellement rassuré, nous avons informé la vieille que nous n'étions pas perdu. Le plus simple étant de reprendre nos efforts, là où l'empotée s'est étalée magistralement, vu que la ressemblance avec ce que nous cherchons est la plus frappante, si j'ose dire ! Et le chemin s'est fait en marchant... 1000 mètres d'altitude, voilà qui est fait ! La Hütte "Schwarzenbachalm" vient à notre rencontre et met à nos pieds, la vallée et le beau lac nommé Walchsee. Étrangement sur notre carte, cette étape gourmande n'avait pas lieu d'être là !? Mes vieux en ont fait un mirage pour mieux l'ignorer et nous avons passé notre chemin. Cette carte ne cherche qu'à nous envoyer paître, elle a intérêt à se méfier, s'il y a une chose avec laquelle je ne plaisante pas, c'est la bouffe. Qu'on se le dise ! Enfin sur une bonne piste, oscillant à nouveau entre la gauche et la droite, un banc s'est offert à nos yeux juste dans un virage et a fait notre bonheur. Il était temps de reprendre des forces, j'ai même trouvé plaisir à ne manger que mes croquettes. On ne s'est pas éternisé car il nous restait à trouver les deux fourchettes et couteaux : le Raineralm et le restaurant Lippenalm pour boucler cette affaire, somme toute sympathique... Car j'avais dés le début, planifié une dégustation : pour le moins, un café crème pour me requinquer et au mieux, une "petite" touche sucrée nécessaire à compenser les efforts fournis depuis trois heures et demie ou presque. La chute de la vieille a mis son appareil photo à mal pour un temps, l'obturateur ne s'ouvre que partiellement, juste assez pour faire mon portrait. Du coup, notre pas s'est fait plus pressant jusqu'à ce qu'un panneau jaune nous conforte à rester sur cette voie. Quelqu'un avait même aimablement rajouté de sa main, un petit mot : "beim eisentor links abbiegen". Ce message vous laisse perplexe, rassurez vous moi aussi ! Mais, soyez sans inquiétude, que peut-il nous arriver ? Nous avons perdu notre chemin, mais l'important c'est qu'on ne se soit pas perdu!

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Un peu plus loin, notre route s'est arrêtee là, pour en croiser une autre. Une porte en fer, noire est grande ouverte pour nous en laisser le passage. À notre gauche, une impasse où le gîte de montagne Raineralm a fait son trou peinard et à droite la suite et fin de notre aventure. Notre carte dément à nouveau ce que nos yeux constatent. Elle persiste à nous faire prendre à gauche vers ce qui finalement ressemble plus à une scierie ou une ferme en plein travaux qu'à un lieu de restauration. Trois bâtisseurs s'y affairent, penchés eux aussi sur une carte. Nous n'avons pas eu le coeur de les déranger pour nous renseigner. A peine cent mètres plus loin un autre choix s'est imposé à nous, tout droit le Stripsenjoch 1807 mètres et à gauche le Walchsee, je vous laisse deviner !! Notre route s'est agrandie, presque trop en entrant dans la forêt. Nous avons marché paisiblement, puis longtemps, longtemps...le long d'un torrent, que notre carte, toujours elle, persistait à placer à notre gauche ! Cette fois s'en est trop, la menteuse a fini au fond du sac à dos. Ensuite la vieille s'est plainte de porter une grosse vache, jusqu'à ce que je réalise que j'étais de trop. Vexé, j'ai regagné la terre ferme grisé par la fraîcheur du torrent... à ma droite. Trente minutes plus tard, on s'est retrouvé dans la campagne, sous une pluie revigorante. C'est alors que nous avons croisé une joggeuse trempée et souriante que nous n'avons pas hésité à interroger, cette fois, pour savoir où se trouvait notre parking ! Elle s'est aimablement mise en stand by ainsi que son compteur, nous a jaugés du regard avec indulgence. Sur un signe amical de la main, elle a repris le départ nous laissant toutes les infos pour parvenir à la vouâture...à une bonne heure d'ici ! Ma dernière chance de dégustation au Lippenalm vient de me passer sous la truffe, car, à l'évidence on s'est perdu et pourquoi ? à cause du rituel !

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J'ai comme l'impression de vous avoir perdu vous aussi... Vous vous dites : cinq heures pour revenir au point de départ, la belle affaire ! C'est bien beau tout ça, mais le ptit mot manuscrit il disait quoi ? J'explique... Nous voyageons vintage, pas de Smartphone, Iphone et tutti quanti et donc pas de google map ni de google traduction. La vieille l'a interrogé sur son PC à notre retour, pour savoir où "s'est t'y que ça a cafouillé". Vous avez du flair mes amis ! Le message "secret" disait tout simplement : "tourner à GAUCHE à la porte de fer". La carte avait raison, mon guide culinaire jaune "fourchettes et couteaux" aussi ! Voici pour plus de clarté (la vieille y tient, c'est pour se dédouaner !) deux photos prises sur le net pour illustrer ce que nous aurions dû voir "à gauche". Il fallait longer la ferme pour y trouver la partie habitable derrière. Ce jour là, elle était invisible à nos yeux, trop de boue, de brouillard, de véhicules avec un chantier en cours...Si on m'avait demandé mon avis (au bon moment, car ça demande réflexion !) nous aurions fait cette balade dans le sens inverse... 

 "La gauche ou la droite c'est ni bon ni mauvais, ce qui compte c'est ce qui marche"...et ceux qui marchent aussi !

 

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Commentaires
C
Ouf! C'est encore toute une aventure Charlie! Tu as un certain sens de l'humour, malgré certains désagréments : tu me fais bien rire! Par contre, je te trouve impoli avec tes maîtres. ;) Bises à vous trois et beau week-end tranquille... peut-être!
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