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CHARLY  dit  "ZIGOUIOUI"
2 juin 2019

"Consommée avec modération, l'eau ne peut pas faire de mal !"

 

"Réfléchir permet de se tromper judicieusement."

 

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J'le sens pas ! et vous ? J'étais prêt à entamer une sieste réparatrice après une nuit orageuse, mais j'ai dû quitter le siège arrière de ma berline où j'étais bien cosy, pour patauger dans la bouillasse. Et voilà déjà dix minutes que ça dure ! J'avais pris soin de jeter un oeil, de temps à autre à l'extérieur, durant notre trajet, pour me faire à l'idée de celle qui trottait derrière la tête de mes vieux. Tout ce que j'ai remarqué et fallait être bête pour ne pas s'en rendre compte, c'est que nous étions à la poursuite de nuages en errance. Quand mon regard s'est porté à l'arrière de notre véhicule, le paysage s'était comme figé. Un épais brouillard insidieux nous a pris à revers et m'a filé le frisson. J'ai bien tenté de prévenir mes acolytes de l'urgence à rebrousser chemin pendant qu'il en était encore temps, mais une fois de plus le message n'est pas bien passé : "Couche toi Titi, ne sois pas si impatient, on arrive bientôt." Dernière sommation ! "Jour de pluie, jour de repli" me dit la brume, tout en me laissant entrevoir quelques coins ensoleillés dans la vallée. La voiture a poursuivi sa route sans aucune considération pour ces avertissements. Deux, trois, petits clins d'oeil lumineux  me titillent encore, puis le vallon s'évanouit. Les portes s'ouvrent enfin et l'humidité, rabat-joie, prend le relais pour se cramponner à mes os . Voilà ! Tout ça pour vous dire qu'il fait un temps épouvantable !

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Mes amis, ne prenez pas votre équipement pour me suivre, restez bien au chaud chez vous, ce n'est pas nécessaire qu'on prenne l'eau tous ensemble. Je vais fidèlement vous rapporter notre quête... du mauvais temps. Certains d'entre vous ont, sans jamais faiblir, suivi mes traces par tous les temps et sur tous mes chemins. Celui-ci vous rappellera certainement quelque chose. C'est un rituel quasi obsessionnel pour mes deux vieux. Toujours et immanquablement dans le brouillard, la montée est éprouvante et sans attrait dans ce décor fantasmagorique. Tout cela, pour le plaisir tant attendu, d'un paysage lentement dévoilé dans la descente, par un ciel capricieux. A chacun ses lubies ! Évidemment, ça me pénalise de bien des façons, je risque de passer pour un gâteux à rabâcher la même balade et j'aurai alors mauvaise presse ! Mais il suffit d'un petit rien, une gouttelette de trop pour que tout soit différent, sans que pourtant rien ne change. Je fais confiance au hasard qui me rendra ce service, mais ce n'est pas sans danger...

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Que d'eau ! Que d'eau ! Elle dévale les pentes, s'évade et s'insinue un peu partout. Avec malice, elle glisse les cailloux sous les pieds de mes vieux qui jouent aux équilibristes. Le ciel est si bas qu'il nous fait instinctivement courber l'échine et nous embue avec générosité. D'aussi loin que je puisse voir, la brume sue en fines et innombrables gouttelettes, nul végétal n'est épargné. Les graminées plus frêles ploient sous le nombre et profitent de mon passage pour s'en débarrasser. Je ne suis pas plus épargné par la bruine qui me bassine le dos et fait grincer mes articulations. Les rhododendrons roses à cramoisis se parent de ces perles de rosée qui éclairent notre chemin comme des lucioles. Même les rois de la forêt semblent perplexes et se serrent les uns contre les autres pour ne pas s'égarer. Il m'a bien semblé qu'ils s'étaient mis en mouvement, mais au gré des caprices du brouillard, je les ai perdus de vue. Peut-être sont-ils tombés dans le vide à moins qu'ils ne soient déjà sur mes traces ! Cette idée me fait craindre le pire, c'est en tremblant comme une feuille que j'ai sollicité quelques réconforts auprès de ma vieille. Je suis resté sur son dos, le temps de m'y réchauffer, guère plus ! Ça manquait de stabilité et j'ai fini par avoir le mal de mer.

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La mémoire est distraite et écervelée ! J'en viens à croire que c'est à force d'être dans les nuages...Ce n'est pas la première fois que ça nous arrive, la croisée des chemins a fait planer le doute. Plus mes acolytes cherchaient à se rappeler, plus l'incertitude les embrumait et comme de bien entendu, nous nous sommes perdus ! Ce flottement a jeté une ombre sur notre lente progression vers les hauteurs, dans l'espoir d'y voir  un peu plus clair. Dans une purée de pois à couper au couteau, nous avons télescopé quatre "deux pattes" en butant en même temps contre un grand panneau d'information pour les usagers de la glisse hivernale !! Tout ce petit monde s'est interrogé en franco-anglo-germanique, incompréhensible pour moi et pas que....Un haussement d'épaules accompagné d'un sourire et un salut de la main ont mis fin à cette brève rencontre. Chacun sa route, chacun son chemin et pourvu que le nôtre soit le bon ! J'ai à nouveau entendu le silence, un compagnon apprécié à sa juste valeur. Sa discrète présence me permet bon nombre d'échanges avec ma petite voix intérieure. Elle m'a notamment suggéré d'utiliser ce silence comme mode de protestation. Je n'ai pas le gosier desséché en ce moment, loin s'en faut et je me fous de me geler les absentes, mais je crève la dalle et ça, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. J'ai donc fait un sitting motus et bouche cousue. Grossière erreur, j'aurais dû ouvrir ma gueule, pas comme la vieille qui elle parle pour ne rien dire ! Ma bonne amie, tapie au fond de moi, n'est pas toujours de bon conseil mais j'y suis très attaché, c'est mon alter ego en quelque sorte!

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Finalement, un petit coulis bien glacé nous a rabattu vers une station téléphérique fermée, à l'abri de  laquelle j'ai enfin repris des forces. La vieille m'a frotté avec ma serviette magique, puis elle a pris de mon précieux temps pour me faire la conversation et me bisouter. Enfin lassée, elle m'a renvoyé dans mes foyers, bien emmailloté, laissant tout de même à ma tête pensante un peu de liberté de mouvement. Il faut une infinie patience, ce dont je suis bien heureusement pourvu, pour vivre avec le grand âge ! Mon pote m'a finalement servi la soupe et je n'ai pas craché dedans. Et cerise sur le gâteau que je n'ai pas eu, j'ai assisté, sans possibilité de détourner mon regard, à leur tentative désespérée de se sécher. Peine perdue, il ne restait plus qu'à protéger l'essentiel, leur tête. Il y a longtemps que le ridicule ne tue plus, mais ce n'est pas une raison pour que je vous raconte en détail cet épisode, ce n'est pas le genre de la maison... Si vous croyez que je vais vous dire qu'au point où en était la vieille, il n'y avait vraiment rien d'essentiel à protéger, vous pouvez toujours courir, ne comptez pas sur moi !!

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                                                                                                             Mon pote a donné le signal du départ, car la vieille commençait à se changer en statue de glace. Pendant qu'elle marchait, j'entendais par intermittence, des petits craquements secs comme le bois quand il crépite dans la cheminée, signe que la vieille commençait doucement à se réchauffer ! Rassuré, je me suis mis sur les traces de mon pote qui entamait sa descente, droit dans ses godillots, donnant la chasse aux nuages. Je l'ai laissé seul pour livrer bataille, hors de question que je lui vole sa victoire, ce ne serait pas digne de notre amitié de 12 ans ! Comme le fidèle Sancho Panza, je dois progresser lentement, car mon ventre bien rond comme un petit tonneau de Saint Bernard, pourrait bien me faire passer cul par dessus tête. Pendant que je me régale d'herbe tendre, doucement sur moi se pose la lumière et me fait dresser la tête. La silhouette de mon maître fait face à son bel ouvrage, il vient de dévoiler mon trajet de retour, comme promis. Le long voile opaque et blanc est replié sur lui-même et repose bien à plat sur un ciel gris. Des vapeurs que l'on pourrait croire encore fumantes, tentent de s'en évader. Mon paysage est enfin dans la lumière, libre de toute entrave, je reprends peu à peu possession des lieux. Toute la panoplie du vert s'étale sous mes yeux, un territoire à faire pâlir de jalousie...oh la vache ! Comme des sentinelles, en grand nombre, elles gardent mon chemin et les alentours, allant même jusqu'à squatter la chapelle Hubertus en contrebas. Ça ne va pas être de tous repos, j'le sens pas ! et vous ? J'peux vous dire que ces bêtes là, ne sont pas aimables quand il flotte. Elles ne voient pas grand monde quand les journées sont trop humides et finissent par se lasser de leur propre compagnie ! Certaines ruminantes peuvent se complaire dans l'ennui, ça les repose. Mais y'en a d'autres, qui n'aiment pas ça et font preuve d'imagination pour y échapper.

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Plus je m'approche des laitières, plus je remarque une tachetée qui fait bande à part et rumine. Je crois bien qu'elle a trouvé un remède à son ennui ; nous !! Elle mijote une vacherie. Tel un fantôme, profitant de quelques nappes de brouillard récalcitrantes, elle s'est déplacée silencieusement. A chaque fois que nous étions tout près du but, la vacharde surgissait pour nous couper la route ! Elle prenait goût à ce jeu de cache-cache avec de plus en plus d'enthousiasme, nous rabattant comme des moutons ici où là au gré de ses envies. À tel point que les autres, un peu jalouses, ont voulu prendre le relais. Le ruisseau, lui aussi, a pris la fuite, dégringolant un peu partout et de préférence à nos trousses ! Hors des sentiers, battus par ce troupeau de peau de vache, nous fuyons les pieds dans l'eau. De glissade en dégringolade, quelquefois même sur notre derrière, nous cherchons péniblement à rejoindre la route... où nous attendait notre copine. À l'idée de devoir rebrousser chemin, la vieille qui en avait plein les guibolles, a fait un foin de tous les diables en s'écriant "je m'en bats les absentes !". Mon pote et moi, l'avons suivi de près pendant qu'elle ouvrait la voie. Enfin sur la route, on a quand même marché à reculons au cas où...Par chance, la silhouette de notre harceleuse, à nouveau gagnée par la lassitude, s'effaçait lentement avec le brouillard. Après toutes ces années de vie commune, je découvre comme vous, que ma maîtresse et moi étions compagnons d'infortune, puisque privés à tout jamais de deux beaux attributs... Elle est donc comme moi, pièce unique et j'ai envie de dire, la concernant : heureusement !!!

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"ne sous estime pas qui recule, si ça se trouve c'est pour prendre de l’élan"

 

 

 

 

 

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